Marine Tondelier, la verte rouge
Largement réélue à son poste, la cheffe du mouvement écologiste poursuit une stratégie fondée sur la radicalité. Au détriment de la gauche…
Une veste verte comme drapeau… Marine Tondelier a été reconduite sans difficulté à son poste de secrétaire générale du parti écologiste. Chose à coup sûr méritée : l’élue des Hauts-de-France est sympathique, travailleuse, dotée d’un sens de la répartie qui assure son succès médiatique. Elle mène sa barque avec énergie et succès auprès des militants et des médias. Depuis la dissolution de juin dernier, comme dans une sorte de résurrection, elle a gagné ses galons de cheffe de parti charismatique grâce aux chaînes d’info, et joue dans la cour des grands. Sauf sur le plan électoral : son parti a survécu de justesse au dernier scrutin européen, avec un score à peine supérieur à la barre fatidique des 5%.
C’est que sa stratégie ne laisse pas de susciter l’interrogation. Le discours des Verts est utile, juste à beaucoup d’égards et rafraîchissant au moment où sévit un inquiétant backlash anti-écologique et climato-sceptique organisé par la droite et l’extrême-droite. Mais paradoxalement, ce n’est pas son plaidoyer pour l’environnement qui a sous-tendu la fortune politique de Marine Tondelier. C’est son rôle de « trait d’union » entre les composantes de la gauche qui lui a valu sa soudaine notoriété et qui a fait d’elle, non pas la porte-parole efficace de l’impératif écologique, mais l’avocate d’une gauche que sa radicalité, selon toutes probabilités, condamne à rester dans l’opposition. Qu’on en juge…
Au moment où la France insoumise rompt de facto avec le reste de la gauche par ses positions outrancières, sa complaisance envers l’antisémitisme et sa tactique du « bruit et de la fureur », Marine Tondelier continue de plaider pour un rapprochement avec Jean-Luc Mélenchon, alors même que celui-ci n’a que vindicte et mépris envers ses anciens partenaires et proclame sa volonté de concourir à la présidentielle quoi qu’il arrive, ruinant ainsi l’idée – déjà nébuleuse – d’une candidature unique.
Sous l’égide de la femme à la veste verte, les écologistes persistent à prôner la sortie du nucléaire, alors que sans cette énergie décarbonée, la France n’a aucune chance de satisfaire ses besoins en énergie tout en poursuivant la diminution de ses émissions de gaz à effet de serre. Les Verts restent d’une confuse ambiguïté sur la « décroissance », alors que leur programme de mutation écologique et leur volonté de justice sociale supposent des investissements massifs que seule une croissance honorable permettrait de financer.
Ils préconisent la légalisation du cannabis – cela peut se concevoir – mais s’abstiennent de voter quand vient à l’Assemblée un projet de lutte contre le narcotrafic. Veulent-ils aussi légaliser la cocaïne, le fentanyl et l’héroïne ? Non, bien sûr. Alors pourquoi répugnent-ils à lutter contre les mafias de la drogue dont la dangerosité et la puissance – bien au-delà du trafic d’herbe – menacent l’État et la société ? De la même manière, ils défendent en matière d’immigration un programme qui revient à priver la France de toute maîtrise des entrées sur son territoire. Intention généreuse, mais politique à la fois inapplicable et dangereuse, qui ne manquerait pas de renforcer encore le vote à l’extrême-droite, que les Verts dénoncent par ailleurs comme le grand danger planant sur la prochaine présidentielle.
En un mot, les propositions des écologistes se situent à l’exact opposé d’un programme de gouvernement crédible. Elles conduisent tout droit à une candidature de témoignage qui satisfera leur aile la plus radicale, mais qui enfermera la gauche dans son pré carré, et la privera de toute chance de l’emporter.