Massimo Ossanna, le sauveur de Pompéi
Le directeur des musées d’Italie a réduit de manière draconienne le nombre de touristes à Pompéi. Il a aussi conçu un vaste plan de mise en valeur du patrimoine.
La jauge du nombre de visiteurs a été imposée par le gestionnaire du site, le célèbre Massimo Osanna, animé par l’envie de sauver ce patrimoine malmené par les intempéries, les vents et les glissements de terrains, mais surtout par les semelles des touristes.
Massimo Osanna ne s’occupe pas seulement de Pompéi. Il est Directeur Général des 480 musées nationaux italiens. Son credo : il ne suffit pas d’instaurer des jauges de visites, mais il faut faire en sorte que les habitants s’intéressent à leur patrimoine. Ainsi, l’homme vise à que tout ce que la péninsule compte de places, constructions antiques, statues, mosaïques ou céramiques soient mis en avant et émergent enfin dans la culture populaire. Pour cela, il en appelle à la participation des citoyens. Vaste projet , dira-t-on , qui va au-delà de la stricte conservation patrimoniale.
Archéologue de formation, Massimo Osanna, 61 ans, nous reçoit au palais San Michele, splendide annexe du ministère de la Culture à Rome. Sa première phrase confirme un projet devenu obsessionnel : « J’ai mis du temps à réaliser que 90% des biens culturels italiens gisaient encore dans des dépôts. Je les ai visités et auscultés. J’ai investi les 10 millions d’euros supplémentaires que m’avait attribués le ministre de la Culture dans la surveillance, la manutention, et la restauration, par exemple de grottes perdues, de petits parcs archéologiques, de villas à l’abandon, comme la Villa de Tibère. Telle a été et reste ma mission ».
L’homme a une règle d’or : intégrer la population à chaque nouvelle découverte culturelle. L’exemple du lycée classique Tasso à Rome en est la preuve.
Au printemps dernier, Osanna rencontre le personnel enseignant. Il comprend alors, en examinant avec le matériel à la disposition du lycée (torses en marbre, cruches étrusques, pieds votifs, amphores en terre cuite) que le dialogue direct avec les jeunes générations peut sauver le patrimoine. «J’ai su, dit-il, qu’il fallait sortir des frontières des musées et rencontrer les communautés pour alimenter leur identité ». Une centaine d’étudiants organisent alors une exposition à l’intérieur du Tasso en ajoutant pour chacun des objets exposés une citation en latin (Eschyle, Sophocle, Euripide, Virgile, qu’ils sont en train d’étudier).
Bien loin des hordes de touristes photographiant à la hâte les vestiges de Pompéi, ce genre d’initiative permet de sauver la culture en la maintenant vivante. Espérons que ce « cas d’école » ne soit pas un exemple isolé, mais le début d’une nouvelle conception du patrimoine.