Mélenchon remis à sa place
L’enquête d’opinion qui vient de sortir montre que LFI est retombée dans la traditionnelle niche de la gauche radicale. Raison de plus pour que le PS tienne bon sur sa ligne d’autonomie.

Intéressant, le sondage IFOP que le quotidien l’Opinion vient de publier. Que se passerait-il si la gauche se concourait en ordre dispersé à d’éventuelles et prochaines élections législatives ? Après tout, les relations entre LFI et le PS sont suffisamment mauvaises pour qu’on puisse se poser la question. Principale leçon de cet exercice sondagier : quand il menace les socialistes de présenter des candidats partout contre eux, Jean-Luc Tartarin-Mélenchon agite en fait un sabre de bois.
Examinons les chiffres de l’IFOP en cas de désunion de la gauche : au premier tour, si le PS et Place Publique se retrouvent seuls à côté d’une alliance du reste de la gauche (LFI, PCF et écolos), ils font à peu près jeu égal avec leurs concurrents : 13% pour les réformistes, 14% pour les autres. Et si le PS s’accorde avec les Verts et les communistes, ils écrasent les candidats insoumis : 19% pour la gauche et… 8% pour LFI. Autrement dit, celui qui menace de toute sa hauteur tonitruante ses partenaires de les atomiser s’ils regimbent devant ses oukases, n’est en fait qu’un nain électoral : 8%, en tout et pour tout en faveur du parti qui occupe les réseaux et les gazettes par ses outrances calculées et squatte jour et nuit les studios de télévision. La France Insoumise valait à peine 10% lors des élections européennes. Elle tombe maintenant à 8%, c’est-à-dire au score miteux et constant obtenu depuis des lustres par la gauche radicale en France, avant le phénomène Mélenchon (qui ne se manifestait que lors des présidentielles).
Leçon corollaire : l’autonomie conquise par le Parti socialiste en refusant de voter la censure, loin de déconcerter son électorat, tend à le conforter. Ce courant social-démocrate, à lui seul, vaut autant que tout le reste de la gauche. Et s’il agrège autour de lui le PCF et les Verts, LFI se retrouve dans les choux. Dès lors pourquoi se laisser impressionner par les éructations mélenchoniennes ? S’ils se détachent du reste de la gauche, les Insoumis seront ratatinés.
Les autres résultats du même sondage ne sont pas rassurants pour autant. Ils confirment la domination du RN sur l’électorat, avec 35% des intentions de vote, et les difficultés du bloc central face à la droite républicaine qui se refait peu à peu la cerise. Avec ces chiffres, l’Assemblée virtuelle sortie d’un tel vote serait dominée par la droite et l’extrême-droite, avec LR en parti-pivot qui pourrait s’allier au choix avec les lepénistes ou avec les débris du macronisme. Ce qui veut dire que la gauche n’a aucun intérêt à déclencher une crise qui mènerait à une dissolution : elle a besoin de temps pour se refaire.
Dès lors, sa voie est toute tracée : remettre LFI à sa place, qui est celle d’une force d’appoint pour un bloc progressiste dirigé par le PS. Ce qui valide en tous points la ligne d’autonomie qui vient de se dégager de l’épisode du budget et montre que les réformistes ont tout à perdre en se soumettant, de quelque manière que ce soit, au chantage de la gauche radicale.