Trump ou l’Europe, Meloni entre deux chaises
Noyée dans un océan de contradictions, Giorgia Meloni oscille entre déclarations lénifiantes et proclamations risquées. La Présidente du Conseil soutient un camp puis l’autre, au gré du vent.

La presse italienne rend compte de ce spectacle d’équilibriste et des contorsions de la Présidente du Conseil des ministres. Pour le quotidien Domani, Meloni est « à la dérive entre les deux côtes de l’Atlantique », quand pour le Corriere della sera, elle navigue plutôt « entre le parrain de Moscou et le boss de Washington ».
Car voilà, Giorgia Meloni téléphone facilement à Trump tout en rencontrant gaiement Zelensky. Elle parle un anglais parfait avec le britannique Starmer et s’échauffe en français avec Macron. Pourtant hostile à l’envoi de soldats italiens en Ukraine, elle soutient le réarmement européen.
Mais les contradictions ne s’arrêtent pas là. Seul leader européen à n’avoir jamais officiellement condamné l’assaut de Trump à Zelensky, elle soutient en même temps que le président ukrainien « est lucide et ira de l’avant ». Elle ne critique pas l’abandon américain de la défense des pays européens, tout en programmant « une table UE – USA sous le parapluie de l’OTAN » , vu que « l’Europe n’a pas les moyens de se défendre toute seule ». Elle ne veut pas condamner Washington , mais elle ne veut pas davantage donner des gages au trio européen Starmer – Merz – Macron.
D’une manière plus stable et constante, Meloni critique Emmanuel Macron sur tout ce qu’il entreprend. Ainsi, la rencontre du 3 mars à Paris aurait dû se tenir à Bruxelles et aucun commentaire n’est fait à propos de la lettre ouverte de Macron dans le quotidien Il Foglio, où rappelons-le, le président français déclarait : « Nous avons besoin de l’Italie, d’une Italie forte qui soit aux cotés de la France et de l’Allemagne, dans le concert des grandes nations » , comme « avait su faire Mario Draghi en son temps ».
En fin de compte, Giorgia Meloni dissimule mal ses ambitions souterraines. Les médias italiens ne s’y trompent pas. Comme le résume amèrement Il fatto quotidiano, la Présidente du Conseil semble vouloir garantir à Trump les rênes de l’Occident tout en assurant à Poutine une neutralité arrangeante de la part des capitales européennes.
Une dernière raison peut expliquer les contorsions de Meloni : piégée dans son pays, elle doit composer avec une majorité brinquebalante et la montée en puissance de Matteo Salvini, patron de la Ligue, qui proclame « Vive Trump ! » et suggère qu’on lui attribue « le Nobel de la Paix » quand il ne se montre pas sur la Place Rouge portant un tee-shirt à l’effigie de Poutine.
Si d’aventure Meloni est un jour une figure importante des manuels d’Histoire, ce sera à n’en pas douter au chapitre des balbutiements européens de l’an 2025.