Merci les artistes !
Le parcours sur la Seine de la cérémonie d’ouverture a présenté la richesse de notre patrimoine, sur laquelle nous devons nous appuyer pour construire l’avenir.
Il pleuvait. De plus en plus fort. Ce qui, loin de gâcher cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques, a ajouté un élément dramatique valorisant, sauf pour les spectateurs sur place complètement trempés. Il fallait aussi vaincre les éléments. Et le spectacle offert a été tout simplement magnifique. Avouons-le : je n’en attendais que de jolies vues sur Paris, agrémentées de petits tableaux distrayants, le long du parcours sur la Seine.
Il s’est passé, ce 26 juillet 2024, quelque chose d’important : loin d’être une évocation historique, alignant les gloires du passé et la nostalgie de la grandeur de la France, le parcours sur la Seine a présenté la richesse du patrimoine sur lequel s’appuyer pour construire l’avenir. L’accordéoniste assis sur le premier pont donnait le ton. Lady Gaga nous enchantait avec son truc à plumes. La créativité de tous ces artistes, chantant, dansant, les pieds dans l’eau ou juchés sur de longues perches, participant à un défilé de mode, dans lequel se glissa un Philippe Katerine, Bacchus nu et bleu, nous laissa pantois. Encore plus, Aya Nakamura chantant et dansant, sortant de l’Académie Française, entourée de l’orchestre de la Garde républicaine, clin d’œil incompréhensible en dehors de l’hexagone ! Une réserve sur la séquence Conciergerie, Marie Antoinette guillotinée ? Peut-être pas indispensable. Quant au cheval mécanique, tout de métal argenté vêtu, descendant la Seine, il nous a fait pleurer de beauté.
Beaucoup d’humour, d’autodérision, mais aussi de gravité, pour survoler cette histoire de France mondialisée telle que l’a présentée Patrick Boucheron. Une France ouverte, accueillante, créative, audacieuse, surprenante, dans son écrin de monuments, glorieux.
« Une vision de notre pays d’une rare intelligence et d’une liberté de talents qui fait honneur à nos artistes, à nos écrivains et historiens »
L’extrême droite ne s’y est pas trompée qui a fustigé cette cérémonie « honteuse », dans laquelle quelques-uns n’ont pas vu « le génie de la France ». Précisément, il était là, sous nos yeux, ce génie, pour nous enchanter. Le monde ne s’y est pas trompé, qui, à l’unanimité – sauf la Russie et la Hongrie ! -, a couvert de louanges ce spectacle époustouflant. Oublions certains évêques qui auraient été mieux inspirés de ne rien dire, tant la question religieuse n’était pas le sujet.
Comment ne pas voir dans ce qu’a réalisé Thomas Jolly une vision de notre pays d’une rare intelligence et d’une liberté de talents qui fait honneur à nos artistes, à nos écrivains et historiens ? Après toutes ces semaines politiques affligeantes, voilà un spectacle qui nous remet du baume au cœur, comme tous ces supporteurs dans les tribunes faisant la fête et criant leur enthousiasme, nous offrant d’entrer dans l’été le cœur un peu plus léger…
Quelques leçons à tirer :
– Allons, il n’y a pas lieu de se désespérer : un tiers des Français ont voté RN, il en reste deux tiers qui l’ont refusé. La France que nous aimons, elle s’est montrée au monde avec un culot et une grandeur incroyable.
– C’est par la culture que le message est passé. Les fous du roi disent la vérité, disait le poète. Il ne faut pas les exécuter, mais les écouter et les respecter : plus que les politiques inaudibles, leur folie, leur imagination, leurs talents nous émeuvent, nous font réfléchir et font du bien au cœur, à l’âme, à notre vie collective.
– Quelle plus belle réponse apporter à tous les nostalgiques d’un monde qui n’existe plus, aux xénophobes, aux racistes et plus généralement à tous ceux qui se désespèrent de l’avenir ?
Il faut s’appuyer sur l’histoire pour construire le futur, avec audace et détermination. Les artistes l’ont fait. Merci à eux !