Michael Connelly, le virtuose
Dans un bon thriller, il y a souvent deux intrigues en parallèle. Ici, il y en a trois, et Michael Connelly fait la preuve de sa virtuosité pour les conduire en même temps sans que l’attention – et le plaisir – se relâchent.

Affaire numéro 1. Renée Ballard, responsable de l’unité des Affaires non résolues (« cold case ») de Los Angeles est aussi une fan de surf. Un matin, après avoir chevauché des vagues aux Staircases, elle a la désagréable surprise de trouver sa voiture cambriolée. On lui a volé ses cartes de crédit, ses papiers d’identité, son téléphone et une arme de poing ; mais ce qui l’ennuie le plus c’est la disparition de son badge officiel. Qui sait si un malfrat ne va pas l’utiliser pour commettre un mauvais coup ? De fil en aiguille, elle retrouve le voleur, mais plutôt que de l’arrêter, elle préfère le filer, flairant un gros coup. Elle a raison.
Affaire numéro 2. Un jeune homme de vingt-cinq ans nommé Nicholas Purcell s’est fait inculper pour violences sexistes. Son ADN est proche de celui d’un violeur en série qui a sévi vingt ans plus tôt. Il est connu comme « le tueur à la taie d’oreiller », car c’est ainsi qu’il étouffait ses victimes. Comme Nicholas est trop jeune pour être le tueur, Ballard s’intéresse à son père. Le problème ? Ce dernier est un juge influent de la Cour suprême de Californie. Ballard n’a comme autre ressource que de récupérer en douce l’ADN du juge et de sa femme. Le terrain est miné.
Affaire numéro 3. Maddie Bosch, la fille de Harry Bosch, le mentor et ami de Renée, veut se faire admettre dans l’unité des Affaires non résolues. Et ce pour une bonne raison qu’elle lui fait comprendre en l’amenant dans un box sinistre. Là, Renée découvre l’horreur : des photos en noir et blanc de jeunes femmes torturées et saignées de la plus atroce des manières. L’une d’elles est de toute évidence Elizabeth Short, 22 ans, connue comme le Dahlia Noir. Cette starlette d’Hollywood a été retrouvée découpée en deux au niveau de l’abdomen, le 15 janvier 1947, dans un terrain vague. C’est le cas non résolu le plus célèbre de Los Angeles. Il y a eu des films et un roman de James Ellroy qui ont fait le tour du monde. Des dizaines d’hypothèses ont été échafaudées sans que le coupable n’ait jamais été identifié. L’enquête de Renée et Maddie les conduit dans le garage en sous-sol d’une maison occupée à l’époque des faits par un photographe travaillant pour les studios hollywoodiens …
Dans chacune des trois affaires, les preuves s’accumulent, Mais les obstacles aussi, certains venus de l’intérieur même des services de la Police et de la Justice de Los Angeles. Maddie Bosch et Renée Ballard pourront compter sur l’aide de Harry. Certes, il est retiré du LAPD et en rémission de son cancer, mais il est prêt à reprendre officieusement du service. Il ne sera pas de trop pour réussir cette dangereuse passe de trois.
À qui sait attendre, de Michael Connelly. Traduction de Charles Pépin. Calmann-Lévy, 447 pages, 22,90€.