Meloni et ses deux amis
Giorgia Meloni s’est envolée discrètement le 3 janvier pour une rencontre avec Donald Trump dans sa résidence de Mar-a-Lago. Elon Musk n’était pas bien loin.
Plantons le décor. À gauche, l’homme le plus riche du monde. À droite, l’homme le plus puissant. Au milieu, une petite femme fiévreuse, bien informée et carriériste.
Voilà l’image que l’on peut se faire de l’Italie sur la scène internationale en ce début d’année. Elon Musk d’un côté, Donal Trump de l’autre et au centre la Présidente du Conseil des ministres, Giorgia Meloni.
Le tableau vient illustrer la miraculeuse libération de la journaliste italienne Cecilia Sala, enlevée le 19 décembre à Téhéran et relâchée le 9 janvier. Il confirme aussi le rôle expérimental que l’Italie joue pour l’ensemble des démocraties occidentales depuis des mois – ou plutôt des années. Il s’agit ici de tester une certaine cohabitation entre Trump – l’ami américain, son homme de confiance – le businessman Musk et les États membres de l’Union européenne. Comme un pays laboratoire, l’Italie est la première à inaugurer le nouveau « modèle ».
Mais revenons sur le protocole expérimental. Tout commence par le voyage éclair de « la Meloni », qui, le 3 janvier s’envole discrètement pour Mar-a-Lago, la résidence de Trump à Palm Beach. L’avion décolle à 10h40 de Rome. Après une brève escale technique en Irlande, il file vers la Floride. S’en suivent une réception dans la villa, quatre heures d’entretien avec Donald Trump (en présence d’Elon Musk), un diner dans la salle de bal (avec Elon Musk toujours), et finalement, un retour à Rome le 4 dans l’après-midi.
Voici les témoignages : Meloni parle d’une « belle soirée » et se dit prête à travailler avec Trump. Celui-ci la décrit comme « une femme fantastique qui a pris d’assaut l’Europe ». Mais la vraie vedette de la soirée est indéniablement Elon Musk. C’est lui qui, sollicité par Meloni, a convaincu Trump de la recevoir en toute hâte, mettant en place un petit chef d’œuvre d’efficacité .
Voici les résultats : excellents pour Giorgia Meloni qui obtient que tout lui soit facilité avec l’Iran pour la libération de la journaliste Cecilia Sala.
Pas mauvais pour Trump qui entend négocier dorénavant avec chaque État européen plutôt qu’avec cette entité hostile qu’est l’ Union européenne – aussi bien sur les taxes que sur la guerre en Ukraine, l’énergie, l’industrie automobile ou le budget de la défense.
Exceptionnels pour Elon Musk qui empoche un projet d’accord colossal : 1,5 milliard d’euros pour installer dans la Péninsule son système technologique exclusif Space X, afin de réduire les fameuses « zones blanches » privées de connexion internet en Italie.
Malgré le décor, les témoignages et les résultats, il faudra tout de même un peu de recul pour apercevoir les véritables conséquences d’une telle expérimentation…