Nationalistes, patriotes en carton
Peut-être s’y prend-on mal pour combattre l’idéologie trumpiste en France et en Europe. Dans un moment de surenchère patriotique, il faut insister sur le contrecoup économique et social des oukases trumpistes avec la complicité de l’internationale réactionnaire.

Ils n’ont eu de mots assez élogieux à l’égard du nouveau maître de Washington, de dévouements si pathétiquement grotesques, de génuflexions appliquées, les petits Bardella, Tanguy, Jacobelli ou Lavalette. Enfin un vrai patriote, un exemple à suivre pour toutes les têtes pleines d’eau de la planète, ulcérées par la perte d’identité des peuples, la wokisme conquérant et la délocalisation des emplois.
La digue morale, revendiquée ici, s’est mise en branle pour dénoncer autant la bêtise profonde du programme MAGA que l’affaissement moral de ses accents. En grande partie en vain. Si les individus restent avant tout mus par leurs intérêts stricts avant toute autre considération, alors, il faut rappeler que l’extrême-droite française et européenne, serpillères des idéologues de la Maison Blanche, est un concentré de défaites assumées contre la patrie, dont elle ne cesse de nous rabattre les oreilles à longueur d’années.
Quelles vont être les conséquences pratiques d’un rehaussement des taxes douanières à 25% sur les produits européens exportés ? Les bonnets jaunes de la sulfureuse coordination rurale, infestée au RN y songent-ils chaque matin ? Les défenseurs du renouveau de l’industrie automobile en Europe, y réfléchissent-ils en termes de pertes d’emplois supplémentaires et de renchérissement des prix à la vente ? Les scrupuleux partisans de l’orthodoxie monétaire, séduits par les coups de tronçonneuse dans la structure étatique, envisagent-ils un seul instant les répercussions en termes de nouveau dérapage inflationniste alors que nous en étions pratiquement sortis ? Les petits patrons de l’immobilier, toujours plus nombreux à rejoindre les rangs du RN, ont-ils seulement pensé aux conséquences en termes de reprise des taux et de nouvelle panne des programmes immobiliers ?
Le nationalisme est une réaction connue, caractérisée par la substitution de la tête par les tripes. C’est une déraison morale et un recul momentané de la pensée, symptomatique des périodes de crise. Mais c’est aussi un programme d’une stupidité rare contre les intérêts de la Nation, même en admettant qu’elle soit unie, homogène, sans contradiction qui la traverse. Au final, lorsque chacun se sera retranché derrière ses barrières protectionnistes, ses coups de menton et ses vérités alternatives, la seule issue sera la guerre. François Mitterrand, issu d’une génération qui en revenait, déclinait sa conviction européenne, fruit d’une culture théorique autant que d’une certitude pratique.
Raison pour laquelle, comme le suggère François Hollande, il faut rendre coup pour coup à Washington, poursuivre l’intense activité diplomatique de Berlin à Lisbonne jusqu’à Londres et Kyiv en européen, démasquant les supercheries des tristes clowns de l’extrême-droite française et européenne. En continuité avec leur histoire, ils sont le vecteur de la défaite économique au détriment de la population qu’ils prétendent défendre. Une fois encore, ils endossent le costume de collabo.