Netanyahou : la guerre pour rester au pouvoir

par Laurent Joffrin |  publié le 20/03/2025

Le premier ministre israélien justifie la reprise des bombardements sur Gaza par des objectifs stratégiques – l’éradication du Hamas – et humanitaires – la libération des otages. Il semble bien qu’il soit surtout animé par sa volonté de se maintenir à la tête du gouvernement.

Laurent Joffrin

La guerre, la guerre toujours recommencée… Après avoir bombardé Gaza pendant dix-huit mois et causé la mort de plus de 50 000 personnes, le gouvernement Netanyahou a mis fin à une trêve difficilement négociée pour reprendre les combats. On a toujours condamné ici, dès le premier jour, la barbarie du Hamas, défendu le droit d’Israël à se défendre et contesté que son armée ait commis un génocide. On en est d’autant plus fondé à poser plusieurs questions.

En quoi le meurtre de 400 civils supplémentaires, dont plus d’une centaine d’enfants, va-t-il accélérer la libération des otages retenus en vertu de l’ignoble stratégie de l’organisation terroriste ? La trêve avait autorisé la libération d’une partie de ces malheureux. La guerre sera-t-elle plus efficace ? Netanyahou se vante d’avoir de nouveau décapité le Hamas en tuant une partie de sa direction. C’est reconnaître que le but de guerre initial – l’éradication de l’ennemi – a été manqué et que celui-ci est toujours debout, telle l’hydre de Lerne. Gaza est détruite mais pas le Hamas : remarquable succès…

Une partie des Israéliens, contestés désormais par une opposition interne qui se réveille, estiment que la distinction entre civils et combattants ne vaut pas à Gaza, que tout Gazaoui est coupable des agissements de ceux qui ont conservé par la force et la répression le contrôle de l’enclave, ce qui revient à justifier la mort des civils par dizaines de milliers. Dès lors, il n’y aucune limite aux bombardements, ni aux déplacements de population. Cela veut-il dire qu’Israël souscrit au projet de Donald Trump, qui propose de commettre un crime contre l’humanité en dispersant les Gazaouis dans tel ou tel désert ?

Déjà, le même gouvernement a accéléré en Cisjordanie l’expulsion par la force des Palestiniens et l’installation, manu militari, de colons israéliens toujours plus nombreux, en violation de toutes les lois internationales, avec la bénédiction appuyée de Donald Trump, qui soutient officiellement ces projets d’extension territoriale. Dès lors il ne s’agit plus d’une opération de défense, mais d’une guerre de conquête.

À moins qu’une autre explication n’émerge de ce chaos. Pour rester au pouvoir, le Premier ministre avait besoin du soutien d’Itamar Ben Gvir, chef d’une petite formation suprémaciste qui a quitté sa majorité au début de la trêve. La reprise des combats a permis de le réintégrer dans l’équipe dirigeante et donc de s’assurer de son vote à la Knesset. Ce serait donc pour gagner un sursis politique supplémentaire que le chef du gouvernement fait tuer les Gazaouis. Voilà qui va renforcer l’autorité morale de la démocratie israélienne… Il est vrai que ces deux extrêmes-droites, israélienne et américaine, ne se soucient en rien de la morale et fort peu de la démocratie.

Laurent Joffrin