Nicolas Mayer-Rossignol défie Olivier Faure
Sous les applaudissements, l’opposant au Premier secrétaire réélu du Parti socialiste met la pression sur Olivier Faure pour qu’il assume une stratégie claire de refus de toute alliance avec La France Insoumise. Afin que le Parti socialiste retrouve ses valeurs.

Il n’y est pas allé de main morte, Nicolas Mayer-Rossignol. Alors que jusque-là, le Congrès du parti socialiste à Nancy se déroulait sous le signe de l’apaisement et du rassemblement, en rupture avec le « funeste » Congrès de Marseille où ils s’étaient entre-déchirés, il a déclenché les applaudissements des militants en édictant sa position sur la future stratégie du PS. « Dans les semaines et les mois qui viennent, l’enjeu primordial est de défendre nos valeurs : l’universalisme, la République, la laïcité, et le refus de toute brutalisation. Ce qui implique qu’il n’y aura sous aucun prétexte ni au plan national, ni au plan local, ni en cas de dissolution, d’alliance avec La France Insoumise ».
Dans l’esprit de Nicolas Mayer-Rossignol, qui avait pourtant voté il y a un an en faveur de l’accord électoral du Nouveau Front Populaire, il ne peut plus y avoir de compromis. Il n’accepte ni la récupération politique pratiquée par Jean-Luc Mélenchon au soir des élections législatives du 7 juillet 2024, ni l’instrumentalisation de la montée en puissance de Rima Hassan à ses côtés, ni la demande de destitution d’Emmanuel Macron. Il ne se remet pas non plus des violences du 1er mai où son allié Jérôme Guedj a dû quitter le défilé sous les huées des manifestants LFIstes. Un souvenir qui a conduit le député de l’Essonne à traiter sur la scène du Congrès son ex-ami de trente ans de « salopard antisémite ».
Nicolas Mayer-Rossignol réclame que le Parti socialiste se rénove et se transforme pour redevenir un parti populaire. « Je ne veux pas d’un parti rabougri, rétréci mais d’un Grand Parti socialiste » qui ne craigne pas d’affirmer sa doctrine et privilégie « la dynamique quand d’autres croient à la mécanique ». Une façon de dire que la force des idées doit primer sur la tambouille électorale. « Il faut lever le doute sur LFI » renchérit dans sa foulée l’opposante Hélène Geoffroy. « Car tant qu’il y en aura un, les Français ne voteront pas pour nous »
La cible ? Les ambiguïtés qu’Olivier Faure avait encore entretenues quelques heures plus tôt devant les journalistes. Las d’être l’objet des critiques sur son attitude vis-à-vis de La France Insoumise, le Premier Secrétaire concède qu’« il n’y aura pas d’accord national avec LFI » mais il poursuit « je ne confondrai jamais LFI avec l’extrême droite. L’extrême droite ne l’emportera pas grâce à nous. Et je dis ma colère : je n’accepterai jamais que l’on confonde le danger LFI avec le danger du RN qui pourrait être élu au second tour de l’élection présidentielle ». Et d’expliquer comment dans certaines villes, toute la gauche réunie y compris LFI travaille ensemble, et qu’il ne voit guère où serait l’alternative. Une position que ne comprend pas un autre de ses opposants, Patrick Kanner qui dirige le groupe des sénateurs socialistes. « Il y a 517 circonscriptions en France où le Rassemblement National peut gagner ».
Dans la matinée, on avait pourtant pu croire, que l’élection à 51,15 % d’Olivier Faure, reconnue par Nicolas Mayer-Rossignol, allait apaiser le climat. D’autant qu’en un geste de conciliation, la direction du Parti socialiste avait ouvert les négociations afin de s’accorder avec les opposants sur une « adresse aux Français », qui donne la position des socialistes sur les sujets de fond comme les retraites ou le pouvoir d’achat. S’y adjoint un « pacte de gouvernance » où elle leur propose de travailler tous ensemble, d’abord sur le projet socialiste qui serait adopté en décembre en vue des élections municipales, puis sur la préparation de la présidentielle où une candidature socialiste opèrerait le rassemblement de la gauche de Ruffin à Glucksmann, de Autain à Lalucq afin d’y inclure les femmes.
Deux concessions particulières sont en outre octroyées à Boris Vallaud en vue de son ralliement : la création d’un media socialiste intitulé « le Nouveau Populaire » et la mise en place d’une université permanente de réflexion et de formation militante, l’Académie Léon Blum.
Le cœur du document, celui de la ligne stratégique, était encore l’objet de discussions à l’issue de la première journée. Si tous décrètent que les élections municipales de 2026 seront la priorité, le désaccord persiste donc sur l’attitude à adopter vis-à-vis de LFI. La proposition de la direction de « refuser tout accord national » ne suffit pas aux opposants pour qui elle entretient le flou tout comme la création d’une plateforme de la gauche qui « verse au débat le projet socialiste » et reste à expliciter.
Le Congrès de Nancy débouchera-t-il sur un accord ? Ou bien laissera-t-il les opposants à Olivier Faure – hormis Boris Vallaud qui s’y est rallié – dans l’opposition ? Désormais, il est clair que c’est la fermeté de la position du PS vis à vis de LFI qui en décidera.