PS : le plan Faure pour 2027

par Valérie Lecasble |  publié le 15/06/2025

Même divisés et rabougris, ils ne divorcent pas. Olivier Faure, Boris Vallaud et Hélène Geoffroy au centre de la photo, une rose à la main, Nicolas Mayer-Rossignol au bout de l’estrade. Au travail, jusqu’au prochain clash à propos de LFI ?

Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, aux côtés d'Hélène Geoffroy, maire de Vaulx-en-Velin et de Pierre Jouvet, député européen (PS), lors du 81e congrès du Parti socialiste, le 15 juin 2025. (Photo de Jean-Christophe VERHAEGEN / AFP)

L’ambition d’Olivier Faure vient de loin. De ce jour d’avril 2018, après les tribulations d’un quinquennat Hollande qu’il avait soutenu, il récupère comme par inadvertance la direction du Parti socialiste. Comment pouvait-il l’espérer, lui simple député de Seine-et-Marne ?

Sept ans plus tard, il vient de se faire réélire pour la quatrième fois Premier secrétaire du PS. Malgré les critiques et les lazzis, il a tracé sa route, celle qu’il entendait imprimer. Il a plié l’échine, a passé par deux fois des alliances avec la Nupes puis le NFP, s’est laissé dominer par Jean-Luc Mélenchon, a choisi la mauvaise candidate pour la présidentielle, le meilleur à deux reprises pour les élections européennes, mais jamais il n’a mis sa personne en avant. Manque de courage ou refus d’obstacle ? Peut-être attendait-il son « moment », celui que chaque homme politique espère.

« Nous serons prêts », scande-t-il lors de son discours de clôture au Congrès de Nancy. Prêts ? On s’interroge. Et on comprend qu’Olivier Faure a en ligne de mire l’élection présidentielle de 2027. Cette échéance guide même la totalité de sa stratégie dont l’objectif affiché est d’empêcher l’extrême-droite d’arriver au pouvoir. Quand il évoque le rassemblement, il ne pense pas aux socialistes à qui il impose sa ligne mais à ceux, hormis La France Insoumise, qu’il espère embarquer à ses côtés, les écologistes en tête, dans une plateforme commune qui ira de François Ruffin à Raphaël Glucksmann sur une ligne politique qu’il définit comme sociale-écologiste.

On a tort de sous-estimer Olivier Faure. Personne ne donnait cher de sa peau quand sous les coups de boutoir de son opposition interne, il a dû concéder la tenue d’un Congrès. La défection de son ami Boris Vallaud devait le condamner. Il n’a rien lâché. Il a mené, jour après jour, une campagne opiniâtre pour convaincre les militants et a fini par l’emporter avec 51,15% des voix. Patrick Kanner qui préside le groupe socialiste au Sénat, exprime son prochain objectif : « passer du statut à la stature ».

Voilà pourquoi malgré la charge de Nicolas Mayer-Rossignol contre son refus d’acter par écrit sa rupture avec La France Insoumise, Olivier Faure ne cède pas dans son discours de clôture du Congrès de Nancy à la tentation de lui rendre coup pour coup. Il esquive, évite l’affrontement, et laisse la porte ouverte, au moins jusqu’au 1er juillet, puisqu’il faut lutter tous ensemble contre l’extrême-droite réactionnaire. Il prend de la hauteur et transforme son intervention en meeting de campagne électorale pour que sa famille socialiste continue de croire que tout reste possible, bien que deux lignes stratégiques vis-à-vis de LFI la divisent : l’indulgence tactique ou le veto idéologique.

Il invoque l’histoire de la gauche et fait référence à 1929 lorsque le Kremlin dictait sa ligne dure au parti communiste contre les socialistes alors qualifiés de crypto-fascistes pour affirmer que cela n’a pas empêché la gauche, sept ans plus tard, de constituer le Front Populaire. Même pour un PS divisé, rien n’est aujourd’hui perdu promet Olivier Faure qui élargit aux écologistes « ceux qui veulent changer le monde avec nous ».
Il invoque Jaurès, Blum, Mitterrand, Simone Veil, Lucie Aubrac, Jean Moulin, définit le socialisme comme le parti de la justice sociale et se fait ovationner en promettant de « taxer les riches ». Contre les abus du capitalisme et les risques environnementaux de la surconsommation, il donne quitus à Boris Vallaud de sa formule, la « démarchandisation ».
Son horizon est clair : il veut mettre le parti en marche pour la présidentielle de 2027 afin d’être prêt à battre l’extrême-droite, répète-t-il.

Prêt, commence-t-on à comprendre sans y croire encore, à sa propre candidature qu’il prépare désormais, fort de sa réélection comme premier des socialistes. L’affrontement n’a donc pas eu lieu et les socialistes se sont tous retrouvés ensemble sur la photo pour chanter sur scène la Marseillaise. Olivier Faure au milieu, entouré d’Hélène Geoffroy et de Boris Vallaud et aussi de Nicolas Mayer-Rossignol un peu à l’écart. Au bout de la controverse, ils restent… socialistes. Divisés, pas d’accord, mais décidés à vivre ensemble.

Valérie Lecasble

Editorialiste politique