PS : les zombies roses
Le congrès qui aura lieu en juin sera déterminant pour un Parti socialiste qui n’a pas travaillé ses idées, ni trouvé une incarnation depuis 2017. Vient le temps de l’imagination et du sursaut.

Le Parti socialiste approche d’une échéance importante avec son congrès qui aura lieu en juin prochain et déterminera son avenir après presque huit années sous la tutelle d’Olivier Faure. Ces années peuvent se résumer en deux points : manque de travail et d’incarnation.
Une des plus grandes faiblesses de ce Parti socialiste est imputable à son Secrétaire général qui, depuis 2017, n’a pas proposé le début d’un programme politique clair et différenciant, n’a introduit aucune idée neuve dans le débat public et n’a arrêté aucune stratégie sur le long terme, hormis une alliance, rimant avec inféodation, avec la France Insoumise. Depuis huit années, on entend et on lit des oppositions fermes et tranchées de la part de Faure et de ses députés, mais ce ne sont que des oppositions de principe et de forme contre Emmanuel Macron et, plus logiquement (et pour faire vivre le clivage grâce auquel le PS survit), contre la droite et l’extrême droite. Rien de très sérieux.
D’ailleurs, quels sont les totems du PS en 2025 ? Y a-t-il un axe sur lequel les adhérents et sympathisants peuvent se réunir et se reconnaitre ? Assurément pas et c’est l’échec de la stratégie d’Olivier Faure. C’est pourquoi, il est impératif que le PS procède à un long et sérieux inventaire concernant la période 2017-2025 où doivent être dénoncés l’impasse stratégique, le recul idéologique de la social-démocratie et la soumission politique aux radicaux qui conduisent, petit à petit, la « vieille maison » dans le mur. Avoir doublé son nombre de députés aux dernières législatives ne suffit pas à convaincre du bien-fondé des orientations du Secrétaire général.
Pourquoi le PS ne travaille pas ? Parce qu’il est bloqué dans une vaine opposition et pseudo « honte » du quinquennat Hollande qui, in fine, lui crée un véritable complexe par rapport aux Insoumis. Du point de vue des idées et du programme, ceux-ci ont travaillé en profondeur, avec méthode et, surtout, peuvent se targuer de ne jamais avoir été associés aux « dérives » de la gauche au pouvoir. Le PS craint de proposer un programme trop banal et de réaliser qu’il n’est pas assez complet ni assez radical pour oser la comparaison et se revendiquer comme le vrai parti de gauche. C’est une lutte vaine puisque, à ce jeu, LFI, parti radical aux aspirations révolutionnaires, gagnera toujours. Olivier Faure s’est trompé de ligne et d’adversaire depuis 2017. Le PS est d’une gauche réformiste, social et démocratique. Il aurait dû agir en conséquence. On ne le répètera jamais assez mais il ne suffit pas de se dire de gauche et de s’opposer à tout ce qu’a fait le président Hollande pour convaincre des électeurs qui ont des attentes légitimes. Cet argument aura bientôt dix ans. Une éternité en politique.
L’opportunité, pour les socialistes, ne doit donc pas être manquée. A moins de deux ans de la présidentielle 2027, c’est le dernier moment pour s’orienter vers une nouvelle ligne politique. Le PS doit affirmer qu’il est clairement un parti social-démocrate par un travail programmatique ambitieux et, surtout, il doit se détacher de l’alliance avec LFI qui ne lui apporte rien. Elle est contre-productive car elle les associe à un mouvement qui sème la division entre les citoyens et les condamne à être d’éternels perdants qui ne pourront jamais surenchérir sur les propositions insoumises. La même stratégie conduira au même échec. Si le PS continue à suivre les errements d’Olivier Faure, alors, la voie menant vers l’impasse finale sera définitive.
En plus du manque d’idées, le PS manque d’incarnations. Olivier Faure, Boris Vallaud, Nicolas Meyer-Rossignol, Karim Bouamrane ou Philippe Brun ne sont pas assez puissants médiatiquement, politiquement et en terme de notoriété chez les Français pour mener le PS dans une grande bataille. Preuve en est, les sondages donnent Olivier Faure autour des 4% s’il se décidait à être le candidat du parti. Alors, pourquoi ne pas chercher une incarnation ailleurs ?
Chez LFI, encore une fois, le travail a été réalisé sur le fond, les idées, le programmes, la formation et la promotion des cadres à des postes importants. Tout est prêt. Au PS, on a trop de lieutenants, pas de chefs incontestables et encore moins d’idées.
La figure de l’ancien président Hollande revient beaucoup dans les débats socialistes. Certes, François Hollande a été critiqué et rejeté, mais il avait un point fort et incontestable que n’ont pas les socialistes actuels : il était une incarnation à la fois physique et intellectuelle de la gauche qui, entre 2009 (début de sa campagne pour la primaire PS) et 2012-2017, pouvait se grouper autour de lui. De même, Aubry, Royal, Cazeneuve, Montebourg ou Valls incarnaient des courants et faisaient office de points de ralliement pour une gauche qui aujourd’hui, en manque cruellement. Se tourner vers certains d’entre eux, les mettre en avant pour faire la jonction entre l’aile gauche du parti et les modérés voire centre-gauche qui cherchent une maison, pourrait permettre au PS d’agrandir sa base et de ratisser plus large. C’est une nouvelle stratégie à imaginer avant 2027.
En bref, c’est le moment de tous les dangers pour un PS qui, s’il décide de rester immobile et inféodé aux insoumis, court le risque de perdre son influence locale pour les municipales 2026, d’être inexistant en 2027, définitivement doublé par LFI à gauche et, finalement, de ne pas trouver sa place alors que l’échiquier politique va se reconstituer après la fin du décennat du président Macron. A droite, on retrouve exactement la même situation pour les Républicains qui, eux aussi, avec l’élection de leur président en mai, doivent imaginer comment survivre et regagner une place de premier plan sans être aspirés par les macronistes et dépassés sur leur droite par les lepénistes.