Qui est Nawaf Salam, Premier ministre libanais ?

par Pierre Benoit |  publié le 16/01/2025

Le sunnite de 71 ans vient d’être désigné comme chef du gouvernement libanais selon la logique confessionnelle en vigueur au pays du cèdre : un président de la République chrétien, un Premier ministre sunnite et un Président de l’Assemblée nationale chiite. 

Le nouveau Premier ministre du Liban, Nawaf Salam, prononce une déclaration au palais présidentiel de Baabda, à l'est de Beyrouth, le 14 janvier 2025. (Photo de Anwar Amro / AFP)

Cheveu rare, moustache en brosse et regard aux aguets, Nawaf Salam apparait comme un juriste à la carrière internationale brillante qui rentre enfin au pays. 

Engagé au sein de la gauche propalestinienne quand il était étudiant, ancien élève de l’École des hautes études en sciences sociales de Paris et titulaire d’un doctorat en Histoire à la Sorbonne, Nawaf Salam a enseigné à l’Université américaine de Beyrouth. 

Il a ensuite suivi un parcours international exemplaire, comme représentant du Liban à l’ONU, avant de rejoindre la Cour internationale de justice en 2017. Juge à la CIJ, il a dirigé deux procédures particulièrement suivies, l’une sur l’occupation israélienne du territoire palestinien, l’autre sur le changement climatique. Devenu président de la CIJ, Nawaf Salam a aussi eu à traiter la plainte lancée en 2024 par l’Afrique du Sud contre Israël pour violation des conventions sur le droit de la guerre et la présomption de génocide à Gaza. 

Lundi 13 janvier, à Beyrouth, le nouveau Premier ministre a été élu par une majorité confortable de 84 élus sur 128. Mais Nawaf Salam n’a pas été adoubé par les députés chiites, ceux du groupe Amal comme ceux du Hezbollah. Le représentant des parlementaires du Hezbollah a dit avoir été trahi par cette élection alors que sa formation avait laissé passer la semaine dernière la désignation du nouveau président de la République Joseph Aoun. 

Dans son premier discours Nawaf Salam a répondu aux représentants chiites : « Je tends la main à tous les partis. Je n’exclus personne pour sauver le pays en crise ». Il a aussi glissé en forme de rappel que la résolution 1701 de l’ONU de 2006 prévoit le désarmement du Hezbollah et n’a jamais été mise en œuvre à ce jour. 

Alors que la reconstruction du pays ne saurait attendre, espérons que la constitution de son futur gouvernement ne prendra pas trop de temps. C’est certain, Nawaf Salam en parlera avec Emmanuel Macron qui sera à Beyrouth vendredi 17 et samedi 18 janvier.

Pierre Benoit