Raoult out : l’extrême-droite désavouée
Mieux vaut tard… Quatre ans après, l’étude de l’IHU de Marseille qui a lancé l’hydroxychloroquine a été invalidée par la revue scientifique qui l’avait publiée. Point final d’une histoire édifiante où l’extrême-droite s’est illustrée par son obscurantisme…

C’est le dernier clou du cercueil : ci-gît l’hydroxychloroquine, cette poudre de perlin-pimpin érigée en panacée par tous les complotistes de la terre, notamment par une bonne partie de l’extrême-droite française (mais pas que…). Elsevier, l’éditeur de l’International journal of antimicrobial agents, qui avait publié l’étude initiale notamment signée par le professeur Didier Raoult annonçant que ce médicament soignait le Covid 19, a décidé de la retirer de la circulation. Elsevier explique que « des inquiétudes ont été soulevées» liées au respect de « l’éthique de publication », à la « conduite appropriée de la recherche impliquant des participants humains, ainsi que des inquiétudes soulevées par trois des auteurs concernant la méthodologie et les conclusions ». En clair, Raoult et ses sbires, en publiant leur étude sensationnelle, ont violé une tripotée de règles scientifiques et déontologiques.
On se souvient de l’invraisemblable tintouin provoqué par le péremptoire et méprisant Raoult, usant de son physique de druide et de sa qualité de mandarin pour répandre à travers le monde ses billevesées, aussitôt critiquées par la plupart des scientifiques un tant soit peu au fait de l’affaire. En dépit de ces critiques largement reprises par la presse crédible, Raoult, farceur suffisant et insuffisant, avait été promu gourou de la contre-médecine. Ses thèses avaient été brandies en étendard par plusieurs porte-parole du populisme nationaliste désireux d’agiter une « vérité alternative » qui contentait la fraction « antisystème » de l’opinion.
La polémique lancée par cette troupe disparate de blouses blanches et de gilets jaunes politisés avait divisé le pays, porté au rang de dogmes intangibles des élucubrations pseudo-scientifiques défendues par tous les tenants du « je-ne-suis-pas-médecin-mais… » et conduit le président de la République soi-même à rendre une visite intéressée au prophète hâbleur de l’IHU de Marseille.
Il y a belle lurette, dira-t-on, que les commentateurs rationnels avaient débusqué la supercherie en s’appuyant sur l’avis des médecins qualifiés. Raoult a été mis à la porte de son institut avec un coup de pied dans le derrière et l’hydroxychloroquine est entrée au musée des farces et attrapes médiatico-médicales, avec la jouvence de l’abbé Souris, les bains de siège anticancer, la méthode Coué, la « mémoire de l’eau » et l’homéopathie (laquelle, malheureusement, résiste encore).
Pourtant il est utile d’écrire le mot « fin » sur cette histoire lamentable où la science a été calomniée, les autorités sanitaires dénigrées, et les tenants de la médecine scientifique sommés de démontrer qu’ils n’étaient pas des marionnettes actionnées par les grands laboratoires. Au bout du compte, contre tous les complotismes, tous les trumpismes médicaux, toutes les philippiques des démagogues populistes, la raison a fini par triompher sans appel. La bonne nouvelle méritait un salut.