Rassembler les socialistes du dedans et du dehors

publié le 04/03/2025

Le prochain congrès socialiste doit être celui de l’unité, et donc appeler au retour au sein du parti de ceux qui l’ont quitté.

PAR BAPTISTE MÉNARD (*)

Le député socialiste Jérôme Guedj s'entretient avec Boris Vallaud (président du Groupe socialiste) et Olivier Faure (de dos, premier secrétaire du PS), à l'Assemblée nationale, le 29 janvier 2025. (Photo Amaury Cornu / Hans Lucas via AFP)

Le Parti socialiste tient son congrès national dont le dénouement se déroulera en juin. Il est donc de la responsabilité de tous les socialistes, responsables comme militants, quels qu’aient été leurs choix lors des congrès antérieurs, de faire que le congrès de juin 2025 soit un moment fort et positif pour le parti socialiste et donc pour la gauche.

Le parti socialiste doit redevenir la grande force politique capable d’accueillir en son sein des sensibilités politiques plurielles mais se reconnaissant dans une communauté de valeurs, et un idéal de société. Nous devons avoir pour objectif de réunir de Benoît Hamon à Sacha Houlié. Oui ce congrès doit nous permettre de faire revenir à la maison ceux qui ont pu vouloir ouvrir un chemin à l’extérieur, mais aussi celles et ceux qui ont pu penser à un moment que le macronisme était la nouvelle voie d’une gauche moderne, et dont les faits ont démontré tout le contraire.

Rassembler les socialistes du dedans…

Le parti socialiste est par essence, un parti démocratique qui non seulement accepte mais revendique la diversité en son sein. Mais il doit aussi se doter d’une ligne politique claire. À l’évidence, une partie au moins des questions sur lesquelles les socialistes s’étaient opposés lors du dernier congrès sont aujourd’hui caduques. Rien ne servirait donc de nous affronter pour déterminer « qui a eu raison le premier ». Même si pour celles et ceux qui comme moi, avons cheminé avec Hélène Geoffroy depuis 2021 ne pouvons que nous réjouir de voir que désormais nous sommes nombreux à partager l’idée que la stratégie du bruit et de la fureur de Jean-Luc Mélenchon constitue davantage un frein qu’une opportunité et contribue à cornériser la gauche dans une opposition stérile et improductive pour le bien de celles et ceux pour qui nous nous battons. Les mois qui viennent de s’écouler ont montré que quand les socialistes ont été capables d’apparaître unis, ils ont été utiles à la gauche, au pays, et donc aux français. C’est dans cette voie de l’addition des volontés qu’il convient de poursuivre, pour qu’au sein du PS, les citoyens puissent participer à la construction de leur avenir.

… et ceux du dehors

Au moment où les socialistes vont réunir leur congrès, nous savons tous qu’il y a de nombreux socialistes encore en dehors du parti socialiste. Qu’il y a des socialistes qui ont quitté le parti. Et que si nous pouvons nous réjouir que des militants sont venus – ou revenus – vers nous, il en est encore de trop nombreux qui n’ont pas jugé que les conditions étaient réunies pour nous rejoindre. Je n’ai de cesse de le dire, de l’affirmer et de le regretter même, mais il y a plus de socialistes en dehors du parti socialiste, qu’à l’intérieur. Notre objectif commun doit être que les socialistes de coeur, (re)deviennent des socialistes de carte !

Parce que le Parti socialiste est et reste la force principale de la gauche démocratique et républicaine, il est de notre responsabilité de faire en sorte de rassembler tous les socialistes, qu’ils soient engagés dans les divers partis, clubs et organisations, qui se réclament du socialisme démocratique et de la république sociale ou qu’ils soient aujourd’hui orphelins d’une organisation politique qu’ils appellent pourtant de leurs voeux.
Dès l’automne, nous devons tenir des assises de la gauche républicaine, et démocratique et de l’écologie pour rassembler très largement. Pour ce faire, il nous faut adopter à l’occasion du mois de juin, une déclaration et un appel au rassemblement, afin de mettre en place des structures de débat et de dialogue nécessaires pour concrétiser ce grand rassemblement dès 2026.

Rassembler la gauche

Nous le savons c’est la force qui fait l’union et non l’inverse. C’est donc à partir d’un Parti socialiste renouvelé et renforcé que nous pourrons travailler à renforcer l’union avec d’autres composantes de la gauche et des républicains, et d’abord avec les écologistes, les radicaux et les humanistes. Un tel rassemblement a vocation à être bien plus qu’un simple accord électoral de circonstances ou des accords de désistements réciproques. Là aussi les formes de l’union devront être débattues avec nos partenaires, sans volonté de domination, mais sans accepter non plus ni l’effacement ni la soumission à qui que ce soit. Bien entendu, nos institutions, et l’élection présidentielle, imposent que le moment venu, l’ambition commune s’incarne dans une candidature unique de la gauche démocratique, républicaine et écologique, capable de réunir au-delà même des socialistes. De ce point de vue, les talents ne manquent pas que ce soit à l’intérieur du parti socialiste, quelle que soit d’ailleurs sa sensibilité, de Carole Delga, à Karim Bouamrane, de François Hollande à Olivier Faure, de Michael Delafosse à d’autres talents qui commencent aussi à émerger.

Mais aussi à l’extérieur du parti socialiste actuel. Je pense naturellement en premier lieu à Bernard Cazeneuve pour lequel j’ai estime et affection, mais je pourrais aussi citer Raphael Glucksmann et les radicaux de Guillaume Lacroix, mais aussi bien sûr, des communistes, des écologistes et même d’anciens insoumis ayant rompu avec les outrances et la radicalité insupportable et inconséquente de Jean-Luc Mélenchon. Mais c’est du rassemblement et en parlant du fond des propositions que nous voulons porter ensemble qu’émergera cette incarnation et non l’inverse.
Car les citoyens de notre pays ont malheureusement une image désastreuse des partis politiques, et de ses acteurs. Et c’est malheureusement aussi de ce constat que l’extrême-droite et les mouvements populistes, extrémistes et démagogiques prospèrent.

Il nous appartient donc de profiter de ce congrès pour dire, sans ambigüité notre conception d’une gauche moderne et progressiste. En réaffirmant sans complexe les fondements des engagements historiques de la gauche, qui se confondent largement dans le triptyque républicain : Liberté, Égalité, Fraternité, auquel j’ajoute bien volontiers Laïcité.

Alors que se multiplient les propositions attentatoires aux droits de l’Homme, la défense obstinée de la Liberté et des Libertés pour tous doit demeurer une exigence fondamentale pour la Gauche qui jamais n’a opposé l’exigence de sécurité à celles des Libertés. Alors que les inégalités s’accroissent, la question sociale et l’amélioration des conditions de vie des plus modestes, par l’augmentation des revenus, et le développement des services publics, reste un marqueur de l’engagement à gauche. Alors que l’extrême droite et la droite continuent à vouloir opposer les populations les unes aux autres, et que d’autres sombrent dans le soutien aux communautarismes, la gauche se doit d’affirmer la volonté de rassembler tous les citoyens au sein de la République et de sa promesse.

Si le Front Républicain a été nécessaire pour barrer la route à l’extrême droite, il doit maintenant être plus qu’un réflexe de défense et devenir une force de propositions pour une société unie et fraternelle. S’il faut tenir compte des spécificités des différents scrutins, et des conditions locales particulières, il reste essentiel que nos choix soient cohérents. A toutes les élections, la priorité restera de faire barrage à l’extrême droite, et à ceux qui lui emboitent le pas et copient ses outrances. A toutes les élections, notre parti doit pouvoir défendre ses valeurs et ses couleurs. C’est en affirmant celles-ci haut et fort qu’il pourra réunir les forces de progrès à tous les niveaux. Voilà ce qui doit être notre ambition, faire vivre et revendiquer la fierté socialiste.

(*) Baptiste Ménard, membre du Bureau National du PS, adjoint au Maire de Mons-en-Baroeul