Remettre le monde à l’endroit !

par Boris Enet |  publié le 01/03/2025

Le réalignement des forces sur l’échiquier mondial n’est pas une surprise. Trump, Musc, Vance et consorts n’ont jamais caché leurs sombres desseins. Ils ne sont pas nos alliés.

Emmanuel Macron et Volodymyr Zelensky à Bruxelles, le 18 décembre 2024. (Photo de Nicolas Tucat / POOL / AFP)

L’affront fait à Zelenski dans l’ovale caverne de brigands intervient après qu’à Munich, Vance, par un piteux exercice d’inversion de la preuve, a craché sur notre Europe. Cet affrontement pour l’avenir du monde implique des rapports de force et une hégémonie culturelle sur les valeurs.

Trump et sa bande tentent de renverser les bases de la démocratie américaine. Ils sont illégitimes au nom de l’État de droit. Il n’en va pas différemment de l’état du monde. Le démantèlement de l’État fédéral est engagé, mais se heurte à une résistance farouche sur le plan judiciaire. La promesse de profits juteux sur les cryptomonnaies se solde par un fiasco. L’inflation rôde comme conséquence d’une probable augmentation des droits de douane. Et la diplomatie du bulldozer ne paie pas.

Qui avait le plus à perdre à la non signature d’un accord avec Kiyv à 500 milliards ? Ils menacent, frappent mais essuient de sérieux échecs. Les États-Unis ne sont pas plus forts qu’avant le 20 janvier, affaiblis par la mafia qui les a pris en otage. Reste que l’alternative démocrate tarde à se mettre en ordre de bataille, probablement par incompréhension des enjeux.

Avec un cinquième du PIB mondial, disposerait-on d’une armée puissante, l’on se heurte au problème des alliances. Faire à l’ONU avec Poutine et sa poignée d’alliés infréquentables n’est guère porteur. Le petit Tsar est à la tête d’un pays exsangue, épuisé par trois années de guerre. Son économie est chancelante parce que détournée vers une production de guerre. Ses taux d’intérêt dépassent les 21 %. Un vote de la honte au Conseil avec les pires dictatures ne saurait faire oublier le vote de l’Assemble générale avec quatre-vingt-treize États.

L’adversaire, promu ennemi commun de Trump – l’Union Européenne créée pour « entuber » les États-Unis – et Poutine, n’abdique pas. Une chance historique pour toute la planète. La Chine, l’Inde et d’autres observent le combat, prêts à miser sur celui qui sortira vainqueur du champ de bataille.

L’UE, avec ses alliés britannique et canadien, n’est pas démunie. Ses économies sont efficientes par-delà les différences. Elle est dans une dynamique d’élargissement. Ses ressources souveraines sont considérables. Lever l’impôt, contracter des emprunts communs n’est pas insurmontable. Ses forces conventionnelles sont opérationnelles, Paris et Londres disposent de la dissuasion nucléaire qui autorise « la gesticulation diplomatique ». Ses industries de l’armement sont certes trop souvent artisanales plutôt qu’industrielles et pour certaines trop dépendantes de Washington, mais les alliances sont en faveur de l’Union, ses opinions publiques étant acquises au soutien à l’Ukraine.

Tout cela demande à être concrétisé dans un plan cohérent, pour intégrer sans délai Kiyv dans l’Union. Une condition de sécurité non négociable au même titre que l’intégrité territoriale. Le sommet de Londres ne résoudra pas tout, mais il doit fixer le cap. Celui d’une puissance défensive, confiante et entreprenante, sous le drapeau des valeurs universelles de l’humanité.

Boris Enet