Rêvons !

par Bernard Attali |  publié le 03/09/2024

Les Palestiniens renoncent au terrorisme, Israël renonce à l’appropriation… imaginez

J’ai fait un rêve. Tout partait d’une étude réalisée par une Université américaine. Ce travail avait eu une immense répercussion. Les experts calculaient à 35 milliards de dollars les sommes versées aux Palestiniens au cours des dernières années. Dilapidées.

Ils rappelaient que cela représentait 3 fois le montant du Plan Marshall après la dernière guerre. Ils calculaient aussi qu’une telle somme aurait permis à la bande de Gaza, vaste comme 10 fois Dubaï (!) de rivaliser avec les plus grandes places économiques du monde. Ce rapport, discuté à Davos, avait eu une immense répercussion.

La communauté internationale se mobilisait alors pour réunir une somme équivalente afin d’assurer le développement économique de la zone. Et les pays arabes, comme Israël d’ailleurs, conscients qu’ils ne pouvaient continuer à vivre sur une poudrière, se mirent à jouer le jeu. L’Arabie Saoudite décida d’y consacrer 10 pour cent des revenus de l’Aramco. La bande de Gaza, devenue zone franche, autorisée à défiscaliser toute implantation, attira alors de très nombreuses entreprises, jusqu’aux start up de Tel-Aviv. Et la sécurité revint dans la région : car le Veau d’or, c’est bien connu, n’aime pas le bruit des armes.

Mais le plus incroyable se produisit dans les esprits. Les dirigeants arabes réalisèrent qu’ils avaient jusque-là dépensé des fortunes pour alimenter des clans terroristes capables de se retourner contre eux à tout moment. Et les Israéliens retrouvèrent la tradition biblique, celle de Josué, qui veut que la Terre promise ne leur ait pas été donnée, mais prêtée. Prêtée pour qu’ils y bâtissent un pays exemplaire sur le plan éthique.

Lorsque je me suis réveillé, la guerre continuait ses ravages bien sûr. Je repensais alors à Jacob, fils d’Abraham, qui fut accueilli en Terre promise par une meute de chiens. À mon réveil, en effet, les chiens étaient de retour, dans tous les camps. Et le rêve passé, je revenais au cauchemar.

Bernard Attali

Editorialiste