Social-démocratie attaquée, le cas d’école de Montpellier
À Montpellier, une nouvelle étape vient d’être franchie avec la conférence de presse commune entre les purgés de LFI – Après – et les Verts locaux, ce lundi. Les attaques se poursuivent contre les mairies socialistes, avec la bénédiction tacite d’Olivier Faure à Paris.
Nous l’avons maintes fois annoncé dans ces colonnes. Valérie Lecasble en tirait toutes les conséquences dimanche, appelant au regroupement des progressistes. Depuis plus d’un an, nous désespérons d’une social-démocratie regroupée et retrouvée, capable d’innover et de se départir enfin des impasses populistes. Certains douteraient-ils encore de son utilité ? Alors prenons un cas d’école.
À Montpellier, la municipalité est un bastion de la gauche et du socialisme municipal depuis 1977. Lors du dernier scrutin, un esprit talentueux, quadra dynamique, en la personne de Michaël Delafosse l’emporte, à travers un programme ambitieux, écologique et social. Il est notamment marqué par la gratuité des transports à une échelle jamais réalisée en France parallèlement à une accélération de la décarbonation des transports. L’édification d’une révolution urbaine est marquée par une végétalisation massive, la protection forestière et des mesures d’adaptation climatique.
L’édile prend aussi des mesures sociales sur le prix de l’eau, rénove le quartier populaire de la Mosson, investit massivement dans la culture, défend pied à pied l’école publique républicaine et les valeurs laïques dès que l’occasion lui est donnée. Cette orientation est-elle comprise par les électeurs ? Si l’on en juge par les seuls sondages effectués par Ipsos, la popularité du maire de la septième ville de France est forte, son travail reconnu et compris. Que font alors les ex-insoumis flanqués des écologistes de Marine Tondelier ?
Dans une conférence de presse commune, ils n’ont de mots assez rudes pour remettre en cause le bilan de la mandature. De la gratuité des transports (dans le programme formel de leurs formations) jusqu’aux mesures sur le logement, absolument rien ne trouve grâce à leurs yeux.
Ainsi donc, les mêmes qui s’époumonent à donner des leçons d’unité le week-end à Paris autour de Madame Castets sont les mêmes qui organisent l’affaiblissement des municipalités de gauche et des exécutifs métropolitains pour le 9 mars prochain, derniers points d’ancrage de la gauche sur un plan municipal.
Cette stratégie du nœud coulant a commencé avec méthode dès 2022. À chaque étape, elle a entraîné de maigres protestations, avant de reprendre sa marche en avant. Olivier Faure, brillamment réélu avec moins de 51% des suffrages internes, poursuit sa stratégie d’alliance, en compagnie de ceux dont le seul programme est la liquidation de sa propre formation. Jean-Luc Mélenchon n’a même plus besoin d’être en première ligne, il est déjà secondé. Une victoire idéologique de tout premier plan, consistant à parfaire son objectif freudien prioritaire : abattre le PS pour une illusoire finale avec l’extrême-droite devenue hégémonique sur les derniers pans de la droite.
Il y parvient incontestablement grâce à l’inertie des cibles expiatoires. Elles se trompent. Les campagnes démocratiques du XXIe siècle sont fréquemment sales, violentes, truffées de contre-vérités amplifiées sur les réseaux sociaux. Ceux qui sont animés de la seule obsession de la liquidation des « sociaux-traîtres » ne connaissent que le langage du rapport de force pour lâcher prise et respecter leurs adversaires. Y répondre est une nécessité absolue qui va bien au-delà du combat politique. C’est une exigence démocratique.



