SOS France

par Laurent Joffrin |  publié le 16/04/2025

Au-delà des polémiques d’actualité, une réalité s’impose à tous les partis : le pays est désormais à la traîne dans la compétition mondiale, ce qui obère d’avance tout effort social. La gauche, au premier chef, doit en tirer les conséquences.

Laurent Joffrin

Il en rajoute, François Bayrou ? C’est son intérêt, dira-t-on : pour faire passer son prochain budget et rester à Matignon, il doit convaincre l’opinion de la gravité de la situation, seule manière de justifier les efforts annoncés. Mais peut-on s’arrêter à cette élémentaire analyse politique ? Probablement pas : il faut craindre que les chiffres avancés par le Premier soient les bons, comme on le lira dans l’article de Valérie Lecasble. De toute évidence, depuis quelques lustres, la France va mal. Sa production traîne la patte, sa productivité est en berne, sa compétitivité s’érode sans cesse et ses finances sont calamiteuses.

Les chiffres sont abstraits, mais leurs conséquences sont bien tangibles : recul des services publics, qu’on ne parvient plus à financer ; stagnation des salaires que les entreprises rechignent à réajuster ; remontée du chômage, chez les jeunes notamment ; désarroi dans les classes populaires et inquiétudes ailleurs. On peut tourner le raisonnement dans tous les sens, on aboutit au même résultat : quand l’économie va mal, c’est le social qui trinque.

Cette situation alarmante, reconnue par une grande partie de l’opinion, a évidemment des conséquences politiques, pour la gauche notamment. Elles sont implacables : tout programme de gouvernement qui ne partira pas de cette réalité sera obsolète avant d’avoir vu le jour. Il s’agit, d’abord, d’organiser le redressement du pays, sans lequel les difficultés de la société ne feront que s’aggraver : tel est l’impératif qui doit figurer en tête de tout projet politique. C’est sur les moyens d’y parvenir que le débat politique reprendra ses droits, et non sur un diagnostic qui s’impose à tous.

Les uns prôneront une « politique de l’offre », les autres mettront l’accent sur la redistribution. Débat dépassé : on ne pourra redistribuer que ce qu’on produira, ce qui suppose investissements, réindustrialisation, et donc bénéfices. Mais sans une répartition juste des efforts contributifs et une lutte contre l’inégalité, le monde du travail ne suivra pas. La gauche du réel devra donc combiner offre et demande pour rétablir l’économie dans l’équité et conduire le pays vers le salut. Tout autre raisonnement ferait fi des réalités et se perdra dans des rhétoriques dépassées.

Laurent Joffrin