Théâtre en région : la clef des champs

par Jérôme Clément |  publié le 30/08/2024

Balzac, George Sand, Molière ou Shakespeare, le Nouveau Théâtre Populaire en Anjou est à la fois classique, vivant et populaire. C’est encore l’été…

D.R

Un champ en pente douce, derrière un clocher d’église tors, une particularité de ce coin d’Anjou, Fontaine Guerin où chaque année se déroule un festival de théâtre de plus en plus renommé. La scène, un plateau de bois tout simple, est là, devant 250 spectateurs attentifs qui viennent partager le bonheur de ces jeunes comédiens, qui renouvellent l’aventure théâtrale de Jean Vilar ou, plus récemment d’Ariane Mnouchkine.

Le Nouveau Théâtre Populaire est né il y a plus de sept ans avant de s’installer dedans ce champ près de la maison de la grand-mère de l’un des fondateurs. Il comprend vingt et un comédiens, qui jouent, mettent en scène, sans hiérarchie, écrivent pour les adultes et les enfants, dans la filiation du théâtre du peuple de Bussang. Le billet coûte 5€, plus si vous voulez soutenir la troupe. Le répertoire est très varié : Molière, Shakespeare, Claudel, mais aussi des auteurs contemporains dont certains textes sont écrits par les comédiens.

La dernière saison, en cette fin du mois d’août 2024, était consacrée à Balzac. Ambitieux programme d’adaptation des « Illusions perdues » et de « Splendeurs et misère des courtisanes ». Ce n’est pas la première fois qu’ils interprètent l’auteur de la comédie humaine, bien connu des Tourangeaux et des Saumurois. Quant à « La dernière nuit », c‘est une rencontre de trente minutes entre Balzac et George Sand, sorte de chansons, poèmes, déambulations autour des personnages de la Comédie humaine, qui illustrent le paradis, le purgatoire et l’enfer…

Trois soirées pour les deux parties, d’autres courts spectacles, et une comédie musicale pour le préambule de l’œuvre qui se passe à Angoulême. Nos acteurs s’improvisent également chanteurs – il faut oser ! – et l’on rit volontiers tant ils s’amusent à nous divertir, sans se prendre au sérieux, tout proche de nous.  10 000 personnes chaque année, ici, et aussi un peu partout dans le département, dans six communes du Maine et Loire, avant de partir en tournée et de venir au Théâtre de la Tempête à Paris cet hiver. Les spectacles pour enfants – Pinocchio de Joël Pommerat, Alice au Pays des merveilles – attirent le matin beaucoup de jeunes, tout comme les lectures ou les ateliers théâtraux.

On est toujours surpris, l’été, de la vitalité de l’offre culturelle, de tous ces festivals de théâtre, musique, danse ou tout ce que vous voulez qui fleurissent un peu partout en France, et du public qui vient, nombreux, les applaudir et partager leurs émotions. On en ressort ragaillardi, pensif parfois, car la réflexion est là, qui au-delà du rire nous entraîne sur des sujets plus graves. Et il faut se dépêcher de tout voir, car bientôt commence un peu plus loin, à Angers, « les Estivales », des avant-premières de cinéma, en partie en plein air également. C’est encore l’été, profitons-en…

Jérôme Clément

Editorialiste culture