Triste fin de règne
Après avoir récusé la gauche, Emmanuel Macron risque de devoir se rabattre sur un gouvernement franchement orienté à droite, appuyé sur une minorité battue. Tout ça pour ça !
Un peu de recul… Le macronisme devait rénover la politique française, dépasser les anciens clivages, réformer le pays dans l’allégresse et lui rendre un certain goût de l’avenir. La séquence qui s’éternise depuis les élections législatives montre un président hésitant, désinvolte, coupé de la gauche, et qui se retrouve médiocrement en tête-à-tête avec le parti de Laurent Wauquiez. Or celui-ci ne veut pas de coalition mais exigera, pour prix de sa neutralité, une politique conforme à ses vœux. Bizarre fin de partie, décidément.
Défait dans les urnes, le président devrait, en toute logique institutionnelle, se cantonner dans un rôle d’arbitre qui cherche à faciliter l’émergence d’une alliance aussi large que possible. C’est sans doute trop demander à Emmanuel Macron : il prétend toujours dicter le calendrier et peser sur le devenir du pays. Drôle d’arbitre, dont la préoccupation première a été de marquer des buts contre l’équipe de gauche, laquelle se rebelle à juste titre et dénonce un « déni de démocratie ».
Le Nouveau front Populaire étant sèchement renvoyé au vestiaire (il est vrai que LFI a donné des arguments à ses adversaires par ses outrances), et le RN restant dans les tribunes, il ne reste plus sur le terrain que la coalition centriste et le petit parti LR. Voilà donc le résultat de cette crise politique déclenchée par le seul président : un futur gouvernement ultra-minoritaire, dirigé par un technocrate ou par un franc-tireur de la droite, qui ne pourra s’appuyer que sur les vestiges de l’ancien macronisme, lui-même miné par les prétentions rivales de ses différentes factions et dégagé de toute fidélité envers son ancien chef qui ne peut se représenter. Un gouvernement qui aura toutes les peines du monde à faire adopter des lois, sinon à l’aide d’un « 49-3 », et vivra sous l’épée de Damoclès de la motion de censure.
À moins bien sûr qu’Emmanuel Macron ne cherche, in fine, à se rabibocher avec une partie de la gauche en nommant une personnalité sociale-démocrate, à supposer que celle-ci le veuille et entraîne avec elle une fraction significative des députés socialistes, ce qui n’a rien de gagné d’avance. Il faudrait pour cela que le programme de cette équipe de centre-gauche soit franchement progressiste et social, ce serait la logique des choses. Mais on a bien vu que la logique et Macron sont deux entités bien séparées.