Trump : 50 nuances de dinguerie
La reddition du milliardaire fou devant la révolte des marchés traduit la vraie nature du gouvernement américain : une bande de farceurs et d’imbéciles dirigés par un gourou avide de vengeance et de vanité.

« La politique de la France, disait le général de Gaulle, ne se fait pas à la corbeille ». La politique des États-Unis, si.
La corbeille, à l’époque, était le lieu où se fixaient les cours de bourse. Ils ont été remplacés par des algorithmes qui expriment en temps réel le rapport en l’offre et la demande de titres boursiers. Cela ne change rien au diagnostic : la volte-face de Donald Trump en matière de droits de douane – non plus des taxes de 20 ou 25% imposées à tous ses partenaires commerciaux, mais un taux unique de 10% – coïncide exactement avec le krach enregistré sur les marchés mondiaux des actions, Wall Street compris, et avec les cris d’orfraie poussés par les principaux acteurs du marché new-yorkais. Tout fier-à-bras qu’il prétende être, Donald Trump vient de reculer piteusement, la queue entre les jambes, devant la révolte de ses amis capitalistes.
Ses zélateurs habillent cette reddition en ruse de guerre. Tout cela, disent-ils, est ourdi de longue main : nous avons voulu faire peur pour amener nos adversaires à résipiscence. Mais s’il s’agissait de négocier, il suffisait de le dire. Les États-Unis sont assez puissants pour faire venir à leur table leurs partenaires commerciaux. Non, la retraite en rase campagne du président américain a pour unique origine l’effondrement des bourses mondiales, celle de Wall Street en premier lieu. Trump a eu peur de Wall Street : il a battu en retraite.
Rien d’étonnant, si l’on y pense un instant. Par exemple en remarquant que le principal inspirateur de cette politique est un farceur estampillé. Ce gourou mirobolant s’appelle Peter Navarro, celui qu’ Elon Musk, orfèvre en la matière, considère comme un « moron ». En français, au choix : « crétin, débile, ou imbécile ». Ce Navarro, crétin des Appalaches, en effet, professe des thèses mercantilistes abandonnées par tous les gouvernements rationnels depuis le 16ème siècle. Un seul indice de son niveau de crédibilité : il tient pour certaine la victoire de Donald Trump contre Joe Biden en 2020, croyance partagée uniquement par les plus demeurés des militants MAGA. Et comme économiste, il s’est distingué en prenant pour référence, dans des papiers universitaires, un expert nommé Ron Vara, qui s’est révélé n’être qu’un fantôme dont le nom est l’anagramme de Navarro.
Devant les palinodies incessantes de l’administration Trump, qui plongent l’économie mondiale dans une sidération délétère, il faut comprendre la nature du nouveau pouvoir américain. Les nominations ont eu pour seul critère la servilité envers un président saisi par l’hubris du pouvoir et l’obsession de la vengeance envers ceux qui l’ont combattu. Si l’on transpose à la France la composition du gouvernement Trump, il faut imaginer une équipe composée de Didier Raoult à la Santé, Jean-Marie Bigard à la Culture, Aymeric Caron aux Affaires Étrangères, Sébastien Delogu à l’Éducation et Cyril Hanouna à Bercy.
Voici donc les nouveaux maîtres de l’heure, portés au pinacle par le populisme américain. Comme le dit Le Figaro dans une conclusion qui ressortit surtout de l’art de la litote : « La chute rapide des cours en bourse, les risques croissant d’une récession, et les critiques de moins en moins voilées des élus républicains à l’égard d’une politique aventuriste décidée contre toute logique économique par un président entouré de conseillers choisis pour leur docilité, semble avoir aussi joué un rôle dans cette annonce soudaine. Si le redressement des cours indique que les effets sur l’économie pourront être rattrapés, la crédibilité de l’administration ne sort pas renforcée de l’épisode. »