Trump au bord de la victoire ?

par Sébastien Lévi |  publié le 24/06/2025

Des frappes efficaces, et maintenant un cessez-le-feu entre Israël et l’Iran. Il existe un scénario dans lequel le président américain obtient, au bout du compte, un remarquable succès au Proche-Orient.

Moins de 12 heures après l'annonce d'un cessez-le-feu entre Israël et l'Iran, Trump se rend aux Pays-Bas pour assister au sommet de l'OTAN. Les dirigeants doivent approuver un plan d'investissement pour la défense, qui porte l'objectif des dépenses à 5 % du PIB. (Photo Andrew Harnik / Getty Images via AFP)

Dans un rebondissement totalement inattendu, Trump a annoncé lundi soir sur réseau social Truth Social qu’un accord de cessez-le feu avait été conclu entre Israël et l’Iran, effectif lundi à 7h du matin heure d’Israël. Si Téhéran a quasi immédiatement confirmé son accord, celui-ci a mis plus de temps à venir d’Israël, ce qui pourrait signifier une certaine surprise ou tout au moins une réticence devant cette annonce, alors qu’Israël semblait vouloir continuer cette guerre en allant éventuellement jusqu’à un changement de régime.

Trump aurait-il mis Israël devant le fait accompli en lui forçant quelque peu la main ? La fin de la guerre serait-elle le miroir du début, quand les Etats-Unis n’avaient appris et autorisé les frappes israéliennes que dans les derniers jours, pour se les approprier après leur succès ? Il est difficile de comprendre les méandres des décisions qui varient d’heure en heure, mais ce nouvel épisode montre que Trump a la main et qu’il semble vouloir pousser son avantage.

La frappe visiblement réussie contre l’Iran a donné aux États-Unis une victoire peu coûteuse, sans intervention au sol ni victimes américaines lors des « représailles » iraniennes sur une base américaine au Qatar, savamment orchestrées pour éviter toute escalade. Elle a rétabli la prééminence militaire de Washington dans la région mais aussi dans le monde. Elle illustre la doctrine trumpiste de la « paix par la force », l’autre moteur idéologique du trumpisme.

Cette victoire doit être confirmée, en fonction des dommages réels et vérifiés infligés aux installations militaires iraniennes/ Mais elle pourrait aussi donner à Trump, dont la popularité est au sommet en Israël, la légitimité nécessaire pour imposer à Netanyahou un cessez-le-feu à Gaza et un accord sur les otages. Ce scénario est d’autant plus plausible que la popularité retrouvée de Netanyahu ne lui fait pas craindre un retour aux urnes qui le libérerait de l’emprise de son extrême-droite.

Il montre aussi, en creux, ce qu’aurait pu être une politique victorieuse vis-à-vis de la Russie, certes plus puissante que l’Iran mais qui n’aurait peut-être pas osé résister à des États-Unis engagés plus fortement dans la défense de l’Ukraine. En quelques jours, les États-Unis ont changé le visage de la région. Il est trop tôt pour dresser la moindre conclusion définitive dans un cycle d’événements qui se succèdent à un rythme effréné, mais si la frappe contre l’Iran ouvre la voie à des négociations et des accords régionaux, dans une vraie vision politique et diplomatique incluant Gaza et les Palestiniens en général, elle pourrait bien être l’action la plus audacieuse et la plus réussie de ces dernières décennies. Au-delà de l’affaiblissement du multilatéralisme, qui pose et posera des problèmes réels dans les prochaines années pour l’équilibre du monde, il faudra alors saluer ce succès diplomatique de Trump au Moyen-Orient, après celui obtenu avec les accords d’Abraham.

SEBASTIEN LEVI

Sébastien Lévi

Correspondant aux États-Unis