Trump : le désastre climatique
En tournant le dos à la lutte pour le climat, les États-Unis resteront le deuxième État pollueur de la planète content de l’être et offriront surtout aux autres nations un contre-exemple catastrophique.

On ne saurait être plus clair : soutenu par un Parti républicain infesté de climato-sceptiques, le président américain adresse un spectaculaire bras d’honneur aux défenseurs de la planète. Non seulement les États-Unis se retireront de l’accord de Paris sur le climat, mais ils laisseront surtout libre cours à leur boulimie d’énergie carbonée. « Forez ! Forez ! Forez ! », s’est écrié Donald Trump, qui fonde l’avenir de son économie sur une énergie carbonée bon marché, quelles qu’en soient les conséquences sur les émissions de gaz à effet de serre.
La décision obère la future lutte pour le climat : les États-Unis participent déjà pour plus de 13% à la production de carbone répandu dans l’atmosphère, à la deuxième place derrière la Chine, mais avec une population nettement inférieure. Leur désertion climatique réduira à néant une bonne part des efforts consentis par les autres nations.
Mais surtout, ils risquent d’entraîner à leur suite toutes sortes de gouvernements peu soucieux de prendre les mesures impopulaires qu’implique l’impératif écologique. En se dotant par leur laxisme énergétique d’un avantage compétitif massif, ils placent leurs concurrents devant un dilemme difficile à surmonter : ou bien ils poursuiveront leurs efforts de mutation bas-carbone, coûteux et contraignants et ils seront surclassés à coup sûr dans la concurrence industrielle mondiale ; ou bien ils abandonneront sans le dire leur politique de lutte contre les émissions pour ne pas être distancés dans la course mondiale.
Déjà la droite et l’extrême-droite européennes louchent avec envie du côté du trumpisme énergétique, dénonçant de manière obsessionnelle « l’écologie punitive », stigmatisant les « normes contraires à l’expansion économique », attisant la méfiance des classes pauvres envers les obligations nées de la mutation verte. Après tout, se diront in petto les gouvernants conservateurs, pourquoi poursuivre ces efforts si l’attitude américaine réduit de toutes manières à néant les politiques adoptées par les conventions planétaires sur le climat ? Perdu pour perdu, autant assurer une meilleure prospérité économique à la population, gage de réélection, et prier pour qu’un miracle technologique vienne un jour dispenser les nations industrielles de la transformation douloureuse de leur appareil productif.
Et si les catastrophes climatiques se multiplient, il suffira de les imputer à la fatalité, à une soi-disant pulsation climatique multiséculaire, ou bien, comme vient de le faire Trump à propos des incendies de Los Angeles, à l’impéritie des élus de gauche et des « wokistes ». Passez muscade ! Après tout, le milliardaire a bien fait croire à son électorat que les immigrés haïtiens mangeaient des chats et des chiens. Sous le règne des vérités alternatives, tout est possible.
Une idée fausse largement répandue, notamment dans la jeunesse qui s’abstient de voter pour moitié, veut que la politique ne serve à rien et qu’il est inutile de s’intéresser à la vie politique, jeu obscur d’ambitions médiocres. Erreur désastreuse elle aussi : on constate avec Trump qu’une élection présidentielle peut envoyer l’humanité dans le mur. À bon entendeur…