Trump ou l’Europe, le double-jeu Meloni
Le gouvernement italien vient de traverser deux phases politico médiatiques turbulentes et pour le moins contradictoires. La Première ministre est passée du rôle d’émissaire privilégiée de Trump à celui de dirigeante européenne négligée par les États-Unis.

La première phase, celle dite du “miracle Meloni”, s’est opérée lorsque la Première ministre Giorgia Meloni, après un voyage éclair époustouflant le 5 Janvier à Washington, a obtenu la libération immédiate d’une jeune journaliste italienne enlevée à Téhéran. Donald Trump, avant son investiture, avait alors usé de ses influences souterraines.
En Italie, les acclamations, unanimes, ont alors donné à voir “la Meloni” en émissaire personnelle et privilégiée du nouvel élu, voire en héroïne débrouillarde et fiable pour un nouveau lien entre les États-Unis et l’Union européenne. À Rome, l’émotion était à son comble.
Mais arrive la deuxième phase, celle de la perplexité. Le récit du deuxième voyage éclair de Meloni aux États-Unis, le 20 Janvier, pour l’Inauguration Day. Seule dirigeante européenne invitée, la Présidente du Conseil des ministres s’était envolée vers Washington en portant l’espoir d’un entretien privé avec Trump, moment qui aurait définitivement confirmé son rôle d’émissaire privilégiée.
Pourtant, rien ne s’est passé comme prévu. Arrivée à l’aube dans le froid américain, Meloni est restée immobile de longues heures à converser avec Javier Milei, le président argentin d’extrême-droite. Et finalement, quand Donald Trump s’est approché d’elle, il l’a légèrement saluée d’un mouvement de tête et, une timide poignée de main plus tard, il a poursuivi son long parcours cérémoniel. Les Italiens y ont tout de suite vu la fin du « Miracle Meloni ».
Nous voilà alors à la troisième phase, celle où toutes les contradictions de ce gouvernement souverainiste par conviction, européen par calcul et en fin de compte simplement arriviste, se font jour.
D’un côté, l’autre frange de l’extrême-droite italienne, incarnée par Matteo Salvini, gagne du terrain par ses surenchères nationalistes et pro-Trump. Ainsi, le vice-premier ministre Salvini a proposé le 24 janvier un projet de loi visant à retirer l’Italie de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), dans la lignée du décret pris par Donald Trump.
De l’autre, la question européenne. Meloni ne semble pas alignée sur la politique de l’Union, malgré les propos affectueux d’Ursula von der Leyen qui sonnent comme un remerciement déguisé à l’Italie pour avoir voté sa nomination comme présidente de l’Union Européenne.
Giorgia Meloni et l’Italie se trouvent face à un dilemme majeur : comment s’agenouiller devant Trump et ne pas déplaire à Ursula ? Meloni choisira-t-elle le rôle d’émissaire américain ou de cheval de Troie européen ?