Trump prépare la guerre avec la Chine
Alors que les Européens se réveillent à la 25ème heure pour prendre en main leur défense, l’Amérique regarde vers l’Asie.
Le rapprochement entre Moscou et Washington par-dessus le cadavre de l’Ukraine dépecée n’est que le maillon d’une chaîne menant à l’objectif ultime des Républicains d’Amérique : se préparer à un affrontement avec la République populaire de Chine.
Les premières visites de chefs de Gouvernement étrangers à la Maison-Blanche donnent le ton : le Japonais Ishiba et l’Indien Modi se sont mis en scène avec le nouveau locataire tout sourire. Les trois pays entretiennent des relations de défense et commerciales que Washington veut renforcer à tout prix. La Chine, en tant que principal concurrent des États-Unis dans tous les secteurs qui comptent (intelligence artificielle, armement, production, recherche scientifique), cristallisent les tensions. Pékin entretient des revendications territoriales envers la plupart de ses voisins, qui voient encore les Américains comme des partenaires fiables, malgré l’imprévisibilité de leur nouveau Président. Taïwan a par exemple annoncé que l’île était prête à importer plus de gaz naturel liquéfié et de pétrole américain pour acheter la protection de l’Oncle Sam. Tout le contraire d’une Europe qui n’est aujourd’hui plus sûre de rien.
Le découplage de la Russie et de la Chine a-t-il une chance d’advenir ? Rappelons toutefois que les Russes recherchent aussi la normalisation de leurs relations avec les États-Unis, et qu’ils ne veulent pas dépendre du seul marché chinois. Les Américains pourraient en profiter pour essayer de négocier des garantis sur le dossier nord-coréen.
Quoi qu’il en soit, Donald Trump devra cependant marcher sur la tête des Européens pour serrer la main de Poutine. Sa proposition de réintégrer la Russie dans le G8 tuerait ce cercle de discussion des nations les plus industrialisées, idée de Valéry Giscard d’Estaing, car les Européens ne veulent pas partager la table d’un boucher. De là à réussir le pari de Nixon et Carter de souffler sur les braises de la relation sino-soviétique, la marche est haute : le monde multipolaire de Poutine s’accorde mal avec l’Amérique impérialiste de Trump.
Les Européens ne doivent pas perdre de vue l’objectif de Donald Trump et réagir en conséquence. Si tout alignement sur le régime communiste chinois est impensable, la nouvelle donne géopolitique oblige de penser à l’Union Européenne avant tout.
L’Amérique se met en ordre de bataille pour contrer l’émergence d’une puissance qui lui ferait de l’ombre, quitte à abandonner ses alliés historiques. L’intérêt des Européens est-il de les suivre dans leur velléité belliqueuse ? Paris, Londres et Berlin seraient bien avisés d’intégrer à leurs réflexions la relation qu’ils souhaitent entretenir avec Pékin : les cocus ne font pas de bons ex-maris.