Un coucou nommé Macron

par Valérie Lecasble |  publié le 28/01/2025

Jeux Olympiques, reconstruction de la cathédrale Notre-Dame de Paris et désormais, rénovation du musée du Louvre : le Président de la République se met au cœur d’évènements sportifs et culturels dont il n’est pas l’initiateur.

Le président Emmanuel Macron prononce un discours devant le tableau "La Joconde" au Musée du Louvre, le 28 janvier 2025. (Photo Bertrand GUAY / PISCINE / AFP)

Tel le coucou qui prend le nid des autres, Emmanuel Macron a pris depuis quelque temps la mauvaise habitude de récupérer à son profit ce que réalisent les autres. C’était flagrant pendant les Jeux Olympiques où il a profité des exploits de nos sportifs et de la belle ambiance que les touristes joyeux ont donné le temps d’un été à Paris pour, avec cette parenthèse enchantée, priver les français d’un Premier ministre en exercice tandis que lui seul paradait. Ce n’était pourtant pas lui qui nageait, courait, sautait ; pas lui qui avait négocié les Jeux pour Paris, mais François Hollande ; pas lui enfin qui avait réalisé la cérémonie d’ouverture. Mais à l’écouter, c’était lui qui permettait à la France de rayonner.

Il a remis le couvert avec la somptueuse cérémonie d’ouverture de Notre-Dame de Paris. Plutôt que de réserver la parade aux 2 000 artisans qui en ont magnifiquement et en temps record assuré la reconstruction, il s’est personnellement mis en scène avec sa femme Brigitte, au milieu des Chefs d’Etat venus du monde entier pour l’inaugurer.

Et voici qu’avec le musée du Louvre, il réitère la même entourloupe. Depuis des mois, si ce n’est des années, la directrice du Louvre Laurence Des Cars s’inquiète de l’avenir du Musée le plus visité au monde. La sur-fréquentation – 10 millions de visiteurs par an contre les 3 millions qu’avait imaginés François Mitterrand – et la vétusté de certaines des salles, en particulier celle où est exposée La Joconde, sans oublier les risques liés aux inondations du sous-sol qui recèlent des toiles inexploitées, nécessitent des travaux d’au moins 500 millions d’euros.

Difficile de trouver un financement en ces temps de disette budgétaire où le ministère de la Culture n’est pas épargné, avec des coupes de quelque 80 millions. Pour y arriver, avec l’aval de Rachida Dati, Laurence Des Cars avait depuis longtemps imaginé de faire payer la deuxième entrée du Louvre qui doit désengorger l’entrée principale sous la Pyramide devenue une fournaise, deux fois plus cher pour le prix du ticket d’entrée aux seuls touristes extra-européens. Alerté par sa nouvelle amie Rachida dont il soutient la reconduction dans tous les gouvernements, voici que Zorro Macron est une nouvelle fois arrivé, quelques jours seulement après qu’une fuite émanant de l’Élysée ait révélé dans la presse les difficultés du Louvre.

Quel projet plus flatteur que de sauver le musée le plus visité au monde ? Emmanuel Macron, disponible en ce moment, a sauté sur l’occasion. Il a décidé de voir plus grand : des travaux d’extension pour un certain nombre de collections, une vaste salle affectée à la Joconde, une rénovation générale du musée : de quoi donner des étoiles dans les yeux pour un coût que l’Élysée évalue entre 700 et 800 millions d’euros. Hormis la hausse du ticket d’entrée, le Président de la République n’a guère expliqué comment il allait la financer, assurant seulement qu’elle « ne pèserait pas sur le contribuable ». Sa nouvelle complice Anne Hidalgo, devenue une proche depuis les JO, s’est jointe au conte de fée en annonçant que la mairie de Paris élargirait l’esplanade donnant accès à la deuxième entrée pour atteindre l’objectif de 12 millions de visiteurs par an.

Les Parisiens peuvent se féliciter de voir, grâce aux JO, à Notre-Dame et maintenant au musée du Louvre, Paris tenir son rang de plus belle ville du monde. De quoi être fier ? A condition de ne pas en exclure les Parisiennes et les Parisiens et de ne pas transformer la capitale française en un musée géant réservé aux touristes étrangers dans le seul objectif de flatter l’ego et de redorer l’image de nos dirigeants en fin de mandat.

Valérie Lecasble

Editorialiste politique