Un trio pour une co-présidence
Nicolas Mayer-Rossignol, Hélène Geoffroy et Philippe Brun devraient être samedi matin les trois signataires d’une seule motion qui s’opposera lors du vote du 27 mai à celle d’Olivier Faure. Une innovation où s’ils gagnaient, le PS serait mené par une direction collégiale.
A la suite de la fusion des trois contributions minoritaires qui s’était réunie en une seule opposition, ils avaient imaginé s’aligner au plus vite sur le nom d’un candidat solide pour affronter Olivier Faure. Cela aurait créé une dynamique propre à donner le sentiment qu’un leader partait au combat pour enfin renverser le Premier secrétaire. Mais comme souvent avec la gauche, cela a pris beaucoup plus longtemps que prévu et c’est devenu bien plus compliqué.
Est-ce parce qu’aucun des trois n’avait à lui seul le charisme nécessaire ? Toujours est-il qu’après des semaines de discussions, ils ne seront pas un mais trois signataires de la motion unique des opposants, à savoir dans l’ordre Nicolas Mayer-Rossignol numéro un et primus inter-pares, suivi de Hélène Geoffroy numéro deux et de Philippe Brun numéro trois. Derrière ce trio de dirigeants, Carole Delga et Karim Bouamrane complètent le tableau.
Une innovation dans l’histoire du PS qui a traditionnellement été mené par une seule personnalité. « Le temps n’est plus à l’autorité d’un seul, il peut tout à fait y avoir des co-premiers secrétaires du parti socialiste », assure un connaisseur. Là où certains vantent l’idée selon laquelle on est plus fort ensemble, d’autres y voient l’incapacité à s’accorder sur une incarnation forte et emblématique pour détrôner Olivier Faure.
La vérité est que malgré des échanges nourris et nombreux, aucun des concurrents-candidats n’a voulu lâcher prise au profit d’un des autres. Va donc pour une candidature multiple où chacun figure en fonction du nombre de voix qu’il représente : aujourd’hui à la louche 25 % pour Nicolas Meyer-Rossignol, 15 % pour Hélène Geoffroy et 5 % pour Philippe Brun. Même s’il n’est pas le plus attractif en termes de voix, ce dernier pèse, malgré le retour au bercail de Fatima Yadani et d’une poignée de ses amies qui avaient signé sa contribution. Philippe Brun reste en effet le dissident emblématique du courant du Premier secrétaire qui peut, au moment décisif du vote final, faire basculer certains de ses amis en faveur d’une opposition à Olivier Faure.
Encore faut-il pour cela que le texte qui sera déposé samedi ne soit pas la simple réplique de ceux qu’avaient proposés lors du Congrès de Marseille les deux motions présentées par Nicolas Meyer-Rossignol et Hélène Geoffroy, à savoir une ligne social-démocrate classique qui in fine avait échoué à conquérir la tête du parti. Philippe Brun veut donc y imprimer sa marque : s’adresser aux classes populaires qui ont délaissé depuis trop longtemps le Parti socialiste. Il réclame ainsi que figurent dans le texte la parité populaire, la priorité aux familles monoparentales ou encore une grande sécurité sociale qui protège à 100 %. Autant de sujets sur lesquels les discussions se poursuivent et auquel il conditionne encore aujourd’hui sa participation à la motion des opposants.
A l’avant-veille du dépôt des motions du Congrès du PS qui seront au nombre de trois avec celle d’Olivier Faure et de Boris Vallaud, celle des opposants au Premier secrétaire est donc en voie de finalisation. Chacun travaille sur le texte qui donnera la ligne pour tenter de détrôner le Premier secrétaire
Ce curieux attelage y parviendra-t-il ? Rendez-vous le 27 mai, jour du vote. Et d’ici là, il faudra compter avec l’inconnue Boris Vallaud.