Vive le porno pour enfants !

par Laurent Joffrin |  publié le 20/06/2025

En raison d’obscures tribulations juridiques, les grandes plates-formes pornographiques peuvent continuer à diffuser leurs vidéos aux mineurs, sans pratiquement aucun contrôle. Misère de la régulation…

Laurent Joffrin - Photo JOEL SAGET / AFP

La liberté d’expression vient de remporter une grande victoire. Malgré la volonté claire du gouvernement français, les principaux sites de vidéos pornos vont pouvoir continuer sans aucune limite à initier les enfants aux joies du fist-fucking et de la double pénétration dès que ceux-ci seront capables de se servir d’un ordinateur (très tôt, on le sait bien).

Ces enfants, en naviguant sur le Net, pourront aussi entamer leur éducation sexuelle bien avant que les parents ou l’école puissent s’en charger – de quoi se mêlent-ils ? – en apprenant dès le plus jeune âge que les femmes sont des êtres soumis et contents de l’être, qui n’adorent rien que la violence sexuelle, l’inceste ou le sado-masochisme, comme on le voit dès qu’on se risque sur ces sites.

Tel est le résultat bienfaisant de l’imbroglio juridique européen qui vient d’annuler les efforts de la puissance publique, non pour censurer les sites en question (ils sont évidemment légaux), mais pour les réserver aux adultes, ce que des esprits faibles et sans doute rétrogrades souhaiteraient voir advenir. Pour aboutir à cette régulation – qui existe dans tous les médias, sauf sur le Net – l’administration avait eu la monstrueuse idée d’obliger les plates-formes en question à vérifier l’âge des internautes qui les consultent à l’aide d’un système qui protégeait de manière efficace leur anonymat.

Avec une mauvaise foi punique, ces plates-formes qui tirent une partie de leurs profits de la fréquentation des mineurs, avaient crié à la restriction inique de la liberté d’expression. Comme le raconte Le Monde, certaines avaient même bizarrement coupé l’accès à leur site, escomptant peut-être que les internautes frustrés allaient manifester dans les rues en brandissant des plugs anaux et des godemichets pour les soutenir.

Les mêmes tartuffes crient aujourd’hui victoire : le tribunal administratif leur a donné raison en arguant que la décision prise n’est pas conforme au droit européen. Du coup, les sites pornographiques les plus crados (plusieurs sont d’ailleurs devant les tribunaux pour des pratiques illégales) sont de nouveau accessibles sans aucune restriction aux mineurs.

Les autorités françaises se sont pourvues en cassation. On a le plus grand respect pour les juges administratifs. Mais il est clair que si cette décision est confirmée, ils auront mis fin pour longtemps aux légitimes tentatives de régulation demandées par toutes les associations de protection de l’enfance. On s’étonnera ensuite que certains mineurs ainsi formés au sexisme le plus grossier se mettent dans une colère noire quand une jeune fille a le toupet de leur refuser ce qu’ils voient sans aucune restriction sur ces plates-formes pour adultes.

Laurent Joffrin