Présidentielle : cherche homme d’Etat, désespérément…

par Sylvie Pierre-Brossolette |  publié le 11/03/2025

Effet collatéral de la nouvelle situation internationale : ils ne seront pas nombreux, en 2027, ceux qui auront le niveau requis pour diriger la défense de la France et contrôler l’arme nucléaire.

Le 14 janvier 2015, le président François Hollande avec le ministre de la Défense Jean-Yves le Drian, le chef d'état-major de l'armée, le général Pierre de Villiers… lors d'une visite sur le porte-avions nucléaire Charles de Gaulle, au large de Toulon. (Photo Anne-Christine POUJOULAT / POOL / AFP)

Plus question de prendre les choses à la légère. Alors que les précédentes élections présidentielles n’ont guère abordé la défense du pays, et encore moins celle de l’Europe, cette fois, les candidats ne pourront pas faire l’impasse. Certes, les sujets économiques et sociaux préoccuperont toujours les électeurs. Mais dans un contexte de tension internationale, d’agressivité russe et de retrait américain, le choix du prochain président, ou de la prochaine présidente, se fera aussi sur sa capacité à se montrer à la hauteur des enjeux. La responsabilité de celui ou celle à qui sera confié le bouton nucléaire ne se limitera plus à une question rhétorique. Amateurs s’abstenir…

Sans compétence indiscutable sur les questions de défense, le prochain hôte de l’Élysée risque fort d’être le jouet de ses ennemis extérieurs, tout autant que des faux amis intérieurs, lobbies militaires, influenceurs en tous genres, alliés politiques… Il ou elle devra d’abord être crédible. Qu’elle soit conventionnelle ou nucléaire, la force de dissuasion n’est efficace que si l’adversaire croit son responsable capable de la mettre en action.

Un ou une pacifiste à l’Élysée rendrait vain tout effort de défense. Si l’ennemi sait à l’avance qu’on ne répliquera pas, il ne freinera pas ses appétits, sachant que nos soldats, comme nos bombes, resteront à la maison. Risque symétrique avec un bouillant activiste, quelle que soit la justesse de la cause défendue. Un novice un peu naïf serait aussi dangereux qu’un cynique capitulard. Pour avoir la paix, préparons la guerre. La déclencher, c’est une autre histoire. L’envoi de troupes au front, comme le déclenchement de l’arme nucléaire, supposent expérience et sang-froid, alliés à une détermination qui ne laisse aucune place au doute. Un profil rare dans une époque qui ne produit pas les hommes d’État à la chaîne.

Ce chef crédible devra aussi opérer les choix économiques et sociaux qui soutiendront l’effort de défense nécessaire dans la durée et dans le plus grand consensus possible. Le financement de notre autonomie stratégique ne pourra se faire seulement à coups d’emprunts ou par un simple fléchage de l’épargne. Il faudra faire face à des dépenses nouvelles qui impliqueront des choix budgétaires. Ils devront être clairement exposés pendant la campagne et démocratiquement approuvés. Puis appliqués…

Le niveau d’exigence pour occuper la fonction suprême va donc s’élever. Emmanuel Macron étant contraint de tirer sa révérence, son successeur trouvera une situation truffée d’obstacles himalayesques. Les multiples candidats à la candidature en lice ont-ils tous la dimension requise ? On en doute. En tout cas, sans espérer forcément un de Gaulle, les Français pourraient bien hausser nettement la barre de la compétition. Sans vouloir offenser personne, cela réduit comme peau de chagrin la liste des impétrants…

Sylvie Pierre-Brossolette

Sylvie Pierre-Brossolette

Chroniqueuse