Boris Vallaud défie Olivier Faure

par Valérie Lecasble |  publié le 12/03/2025

Le président du groupe à l’Assemblée nationale se lance face à Olivier Faure pour remporter le poste de Premier Secrétaire du Parti Socialiste au congrès du mois de juin. En se posant en candidat du rassemblement, il est le mieux placé pour le battre. Mais la route est semée d’embûches.

Le député socialiste Boris Vallaud (président du groupe socialiste) s'entretient avec Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, à l'Assemblée nationale, le 29 janvier 2025. (Photo Amaury Cornu / Hans Lucas via AFP)

Donc, il se lance. Boris Vallaud ne savait trop sur quel pied danser : allait-il à la bataille du congrès du Parti Socialiste alors que son acolyte Olivier Faure s’était déclaré ? Il aurait préféré que le premier secrétaire du PS lui livre la proposition sur un plateau. Mais, peu partageur, Olivier Faure avait pris pour lui toute la lumière et voulait gagner seul le Congrès pour imposer sa candidature à la prochaine présidentielle.

Au même moment, le jeune loup de la Commission des Finances Philippe Brun, et le plus capé Jérôme Guedj s’apprêtent à se mettre sur les rangs. Las de voir les trains passer et de ne pas récolter les fruits de son engagement, en particulier lorsqu’il a convaincu le groupe socialiste qu’il préside de ne pas voter la censure contre le gouvernement Bayrou, Boris Vallaud se jette dans la bataille : fort de 16 signatures (8 parlementaires et 8 présidents de fédérations départementales), il va donc déposer une contribution au Congrès avant le 26 avril. Et qu’importe après tout si Olivier Faure est furieux d’être défié par un proche, membre de son courant.

C’est que l’adversaire est de taille. Boris Vallaud est sur le papier le meilleur pour l’emporter face à Faure. Il a marqué les esprits à gauche en répliquant à l’Assemblée nationale à François Bayrou lors de son discours de politique générale puis lors des débats budgétaires. On se souvient de sa riposte cinglante lorsque le Premier ministre avait défendu dans l’hémicycle « le sentiment de submersion » qu’il avait énoncé la veille à la télévision. « Je ne peux être, moi, que consterné, submergé par la consternation de votre réponse. Si vous gouvernez avec les préjugés de l’extrême-droite, nous finirons gouvernés par l’extrême-droite », lui avait-il asséné, se hissant alors au même niveau que François Bayrou, sous les applaudissements nourris de son camp. Cet épisode lui a donné une stature nouvelle. De quoi inquiéter Olivier Faure qui a multiplié ses interventions télévisées pour le contrer.

L’irruption de Vallaud peut faire la décision. Soutenu par François Hollande, qui appréciait déjà son sens des responsabilités lorsqu’il l’avait nommé secrétaire général adjoint de l’Élysée, il a une envergure suffisante pour l’emporter, d’autant que des doutes apparaissent sur la démarche de Nicolas Mayer-Rossignol. Le maire de Rouen s’est en effet déclaré de façon prématurée en faveur d’un rapprochement avec Raphaël Glucksmann que défend aussi Anne Hidalgo. Mobilisé sur la nouvelle donne internationale et sur la préparation du congrès de Place Publique dimanche 16 mars, Glucksmann ne cache pas son intention d’attendre le résultat du Congrès du PS avant de se prononcer.

Plus tactique, plus charismatique, Boris Vallaud appelle au rassemblement de tous les courants. Parviendra-t-il à se démarquer d’Olivier Faure pour passer à l’étape suivante et prendre la tête d’une motion ? Il lui faudra pour cela réunir 30 signatures – seuil que veut fixer Faure pour se protéger – au sein du Conseil National, l’instance décisionnaire du parti où il n’en détient pour l’instant que 9. Rien n’est gagné en raison de l’éparpillement des candidatures mais aussi de l’ambiguïté de son positionnement, ni dedans ni dehors. Il drague le courant de Faure avec qui il a longtemps cheminé mais se démarque en voulant le remplacer. Où se situe Boris Vallaud ? La question est souvent posée. N’empêche qu’en se lançant aujourd’hui, il fait preuve d’ambition et montre sa détermination. Il connaît son adversaire par cœur. Et comme il a du talent ….

Valérie Lecasble

Editorialiste politique