PS : le congrès qui peut tout changer
Dépôt des contributions fin avril, vote des militants en mai et fumée blanche en juin : plutôt qu’une bataille de personnes, c’est le choix d’une ligne politique claire et autonome qui peut rendre sa place centrale au Parti socialiste. Revue de détail.

Émergeant du fond de l’abîme après une présidentielle ratée, le PS est redevenu incontournable. Un bon score aux européennes derrière Raphaël Glucksmann, un résultat honorable aux législatives grâce au retour du « front républicain » contre l’extrême-droite et, enfin, une émancipation vis-à-vis de LFI pendant l’été dernier, consacrée au début de cette année par un vote de non-censure à l’Assemblée : constatant la mort du Nouveau Front Populaire, évidente mais jamais prononcée, observant une situation internationale et européenne toujours plus critique, les socialistes sont revenus à la culture de gouvernement qu’ils n’auraient jamais dû abandonner. Ils en récoltent les fruits.
Dans la bataille du congrès, à qui profitera ce regain de forme ? Olivier Faure peut se targuer d’avoir pris le virage juste avant la sortie de route. Mais il reste aussi le candidat du passif, celui d’un concubinage délétère avec la nébuleuse LFI. Certes, la censure exigée par Mélenchon n’a pas eu lieu. Mais la campagne européenne avait bien montré l’incompatibilité programmatique entre l’orientation défendue par Melenchonov, et les options exposées par Faure au congrès de Marseille, ce qui n’a pas empêché le premier secrétaire de maintenir la fiction du NFP.
Une fois les masques tombés, une fois la tutelle mélenchoniste abolie, la gauche républicaine et universaliste a retrouvé ses couleurs grâce à une ligne claire qui fait contraste avec celle de la direction socialiste. Dès lors, peut-on rester à la tête du Parti en zigzagant constamment, au gré des opportunités tactiques et au détriment d’une orientation cohérente qui s’adresse à tous les Français et pas seulement au pré carré d’une gauche réduite à 30% du corps électoral ?
Valérie Lecasble le précise dans nos colonnes : en s’appuyant sur son habileté à diriger le groupe parlementaire socialiste à l’Assemblée, Boris Vallaud se présente comme la solution de rechange. Spécialiste de la synthèse sans froisser personne ni contenter tout le monde, le député landais peut surfer sur le rejet d’Olivier Faure. Mais son orientation ne le distingue guère de l’actuel premier secrétaire. Or une bataille de personnes sans débat sur la ligne serait désastreuse alors que le paysage politique se recompose sur fond de crise internationale. Quant à Jérôme Guedj, épaulé par la respectée sénatrice Laurence Rossignol, il a le mérite de poser une ligne rouge, la rupture avec LFI et avec son promoteur au sein du parti.
La dernière hypothèse repose sur un duo. Hélène Geoffroy, maire de Vaulx-en-Velin, et Nicolas Mayer Rossignol, premier édile de Rouen, ont maintenu une orientation dans la continuité du dernier congrès. La cohérence de leurs propositions demeure et les faits ont validé leur prédiction : la gauche républicaine a perdu des plumes – et parfois son honneur – à pactiser avec le populisme souverainiste. Ces deux personnalités sont moins médiatiques, mais leur sincérité ne se discute pas. La distinction entre ces deux outsiders est affaire de générations. Les quinquas en devenir se structurent autour du maire de Rouen pour promettre un « Épinay II » en compagnie des amis de Raphaël Glucksmann, pour une maison commune des gauches préparant 2027. Les amis d’Hélène Geoffroy, plutôt des sexagénaires ou des septuagénaires encore fringants, qui ont déjà été aux affaires, ont courageusement incarné la culture de gouvernement et défendu le mandat Hollande, à contre-courant des tropismes radicaux un moment dominants. En dépit de ces différences, ces deux-là devront inévitablement se rapprocher.
Voilà donc l’état des forces en présence, sachant que l’afflux traditionnel de cartes avant congrès peut modifier les équilibres et que la capacité à organiser le vote dans des conditions de probité irréprochable n’est pas toujours au rendez-vous. L’existence d’un espace politique pour la gauche de gouvernement ne fait plus débat en France. Le parti de Blum, de Mitterrand, de Jospin et d’Hollande en sera-t-il la colonne vertébrale ? Il ne tient qu’à ses militants de le décider.