đŸđđđđđđđđđđđđ !
Au lieu de se rĂ©jouir de nos difficultĂ©s ou de celles de lâAllemagne, il vaudrait mieux sâoccuper de lâEurope
Depuis plusieurs annĂ©es , beaucoup dâobservateurs se complaisent, avec une joie mauvaise, Ă souligner les problĂšmes français pour exalter le modĂšle de dĂ©veloppement allemand : đŸđđđđđđđđđđđđ ! (joie maligneâ!) Les mĂȘmes aujourdâhui doivent en rabattre. Et en effet : lâAllemagne, par des choix stratĂ©giques dĂ©sastreux, se trouve aujourdâhui confrontĂ©e Ă une situation trĂšs dĂ©licate : otage de la Russie pour lâĂ©nergie et de la Chine pour lâindustrie automobile notre voisin est dans lâimpasse. AprĂšs avoir Ă©tĂ© en rĂ©cession lâan dernier le pays devrait enregistrer une trĂšs faible hausse de son produit intĂ©rieur brut (PIB) de 0,2 % en 2024 et 0,9 % en 2025. Au mieux.
Le commerce extĂ©rieur plonge : les exportations progressent plus faiblement que le commerce international alors que le pays est traditionnellement le troisiĂšme exportateur mondial. De plus, en raison des strictes rĂšgles dâendettement public ( renforcĂ©es par la Cour constitutionnelle dans un arrĂȘt rendu en novembre 2023 ), Berlin nâest pas en mesure de compenser une croissance en berne en augmentant lâinvestissement.
Le vieillissement de la population rĂ©duit le nombre dâheures travaillĂ©es, tandis que le stock de capital (infrastructures) sâĂ©rode. Comme le rappelait le Monde rĂ©cemment lâinstitut Ă©conomique de Cologne, proche du patronat, et lâinstitut pour la macroĂ©conomie, proche des syndicats, ont calculĂ© que le besoin dâinvestissement sâĂ©tait aggravĂ© depuis leur derniĂšre Ă©valuation, en 2019, qui le fixait alors Ă 460 milliards dâeuros. Ils estiment Ă 177 milliards dâeuros les dĂ©penses Ă effectuer dans les infrastructures et t Ă 200 milliards dâeuros lâeffort Ă fournir pour la dĂ©carbonation de lâĂ©conomie.
Pour sortir de lâorniĂšre, Berlin prĂ©pare, dit-on, un plan de relance, qui devrait ĂȘtre prĂ©sentĂ© avant lâĂ©tĂ©. Il faut espĂ©rer quâune bonne coordination europĂ©enne lâaccompagnera pour que les politiques Ă©conomiques du continent soient synchrones. Pour la coalition dâOlaf Scholz, câest la derniĂšre occasion dâamĂ©liorer son bilan Ă©conomique avant les prochaines Ă©lections gĂ©nĂ©rales, qui se tiendront Ă lâautomne 2025. Et pour lâEurope une façon de freiner le retard qui se creuse avec les Ătats-Unis.
Mais cette coalition qui dirige Ă Berlin peine Ă sâaccorder sur les mesures urgentes qui sâimposeraient. Et sa foi en lâEurope semble mĂȘme devenue vacillante. La visite dâĂtat du PrĂ©sident français le 26 mai tombe au bon moment. Mais ne soyons pas naĂŻfs ; nous sommes bien les seuls Ă croire quâil existe un «âcouple franco-allemand ».
Et nous aurions tort, nous Français, de cĂ©der Ă la tentation dâune sorte de schadenfreude Ă lâenvers. Notre voisin reste la troisiĂšme puissance Ă©conomique mondiale. Il serait stupide dâoublier notre Ă©vidente solidaritĂ©. Quand lâAllemagne va mal, câest lâEurope entiĂšre qui va mal. Et nous avec.