đ•Ÿđ–ˆđ–đ–†đ–‰đ–Šđ–“đ–‹đ–—đ–Šđ–šđ–‰đ–Š !

par Bernard Attali |  publiĂ© le 20/05/2024

Au lieu de se rĂ©jouir de nos difficultĂ©s ou de celles de l’Allemagne, il vaudrait mieux s’occuper de l’Europe

Depuis plusieurs annĂ©es , beaucoup d’observateurs se complaisent, avec une joie mauvaise, Ă  souligner les problĂšmes français pour exalter le modĂšle de dĂ©veloppement allemand :  đ•Ÿđ–ˆđ–đ–†đ–‰đ–Šđ–“đ–‹đ–—đ–Šđ–šđ–‰đ–Š ! (joie maligne !)  Les mĂȘmes aujourd’hui doivent en rabattre. Et en effet : l’Allemagne, par des choix stratĂ©giques dĂ©sastreux, se trouve aujourd’hui confrontĂ©e Ă  une situation trĂšs dĂ©licate : otage de la Russie pour l’énergie et de la Chine pour l’industrie automobile notre voisin est dans l’impasse. AprĂšs avoir Ă©tĂ© en rĂ©cession l’an dernier le pays devrait enregistrer une trĂšs faible hausse de son produit intĂ©rieur brut (PIB) de 0,2 % en 2024 et 0,9 % en 2025. Au mieux. 

Le commerce extĂ©rieur plonge : les exportations progressent plus faiblement que le commerce international alors que le pays est traditionnellement le troisiĂšme exportateur mondial. De plus, en raison des strictes rĂšgles d’endettement public ( renforcĂ©es par la Cour constitutionnelle dans un arrĂȘt rendu en novembre 2023 ), Berlin n’est pas en mesure de compenser une croissance en berne en augmentant l’investissement.

Le vieillissement de la population rĂ©duit le nombre d’heures travaillĂ©es, tandis que le stock de capital (infrastructures) s’érode. Comme le rappelait le Monde rĂ©cemment l’institut Ă©conomique de Cologne, proche du patronat, et l’institut pour la macroĂ©conomie, proche des syndicats, ont calculĂ© que le besoin d’investissement s’était aggravĂ© depuis leur derniĂšre Ă©valuation, en 2019, qui le fixait alors Ă  460 milliards d’euros. Ils estiment Ă  177 milliards d’euros les dĂ©penses Ă  effectuer dans les infrastructures et t Ă  200 milliards d’euros l’effort Ă  fournir pour la dĂ©carbonation de l’économie. 

Pour sortir de l’orniĂšre, Berlin prĂ©pare, dit-on, un plan de relance, qui devrait ĂȘtre prĂ©sentĂ© avant l’étĂ©. Il faut espĂ©rer qu’une bonne coordination europĂ©enne l’accompagnera pour que les politiques Ă©conomiques du continent soient synchrones. Pour la coalition d’Olaf Scholz, c’est la derniĂšre occasion d’amĂ©liorer son bilan Ă©conomique avant les prochaines Ă©lections gĂ©nĂ©rales, qui se tiendront Ă  l’automne 2025. Et pour l’Europe une façon de freiner le retard qui se creuse avec les États-Unis. 

Mais cette coalition qui dirige Ă  Berlin peine Ă  s’accorder sur les mesures urgentes qui s’imposeraient. Et sa foi en l’Europe semble mĂȘme devenue vacillante. La visite d’État du PrĂ©sident français le 26 mai tombe au bon moment. Mais ne soyons pas naĂŻfs ; nous sommes bien les seuls Ă  croire qu’il existe un « couple franco-allemand ».   

Et nous aurions tort, nous Français, de cĂ©der Ă  la tentation d’une sorte de schadenfreude Ă  l’envers. Notre voisin reste la troisiĂšme puissance Ă©conomique mondiale. Il serait stupide d’oublier notre Ă©vidente solidaritĂ©. Quand l’Allemagne va mal, c’est l’Europe entiĂšre qui va mal. Et nous avec.

Bernard Attali

Editorialiste