« Donald Trump, le parrain américain »(1)

par Valérie Lecasble |  publié le 13/08/2023

Il électrise la moitié de l’Amérique, mais révulse l’autre moitié. Il casse les codes, le pays, la morale, le réel, marche sur les faits et les hommes, ment comme il respire, triche, harcèle, escroque, menace, et se pose en victime du grand méchant loup du « système »…

Retour sur un parcours hors normes.

Donald Trump - Photo CHANDAN KHANNA / AFP

Depuis longtemps, Donald Trump défie toutes les règles de la politique dans un pays démocratique. Fils d’un promoteur immobilier devenu milliardaire puis animateur et producteur de télévision, la politique n’ est à l’origine pas son métier. Il est d’abord connu pour sa folie des grandeurs avec la Trump Tower qui trône au cœur de Manhattan. Son empire est constitué d’immeubles, de résidences de luxe, de casinos et de golfs. 

Il forge sa popularité dans les années 2000 à la télévision en tenant le rôle principal dans une émission de téléréalité « The Apprentice » où il s’amuse à éliminer en direct par un tonitruant « you’re fired » les participants au concours d’embauche qu’il a imaginé pour recruter une employée payée 250 000 dollars pour venir travailler dans son entreprise.

Cette alchimie de l’argent et de la télévision sont les deux vecteurs de sa notoriété. Bien plus que la politique où il fait des débuts chaotiques en 1987. Instable, on le voit passer d’un parti à l’autre (Parti républicain, Parti de la réforme et même Parti démocrate) au gré de ses envies et de son humeur. Il lui faudra attendre plus de vingt ans pour s’ancrer dans le Parti Républicain. Et sept années supplémentaires pour remporter la primaire de 2016 qui l’intronisera candidat à l’élection présidentielle.

Personne au départ ne veut croire à ses chances. Son adversaire démocrate Hillary Clinton, ex-Secrétaire d’État, femme de Bill qui connaît Washington comme sa poche, paraît beaucoup mieux placée que lui. Il paraît même trébucher lors du dernier débat télévisé avant le scrutin.

L’insulte – « Nasty woman ! » « Méchante femme ! » – qu’il lance sur le plateau à Hillary Clinton parce qu’elle veut taxer les plus riches tandis que lui se vante de ne pas payer d’impôts devient le cri de ralliement des féministes. Le lendemain sur Twitter #ImaNastyWoman surgit comme slogan pour revendiquer la puissance des femmes. Nasty, le morceau de Janet Jackson, fait un bond de 250% sur Spotify. Des mugs, des tee-shirts, des badges « Nasty Woman » fleurissent sur Internet.

Donald Trump va pourtant déjouer tous les pronostics. Il emprunte le slogan « Make America Great Again » à la campagne gagnante de Ronald Reagan en 1980 en faveur du redressement économique de l’Amérique. Il le détourne en un mouvement « MAGA » qui part en croisade contre l’immigration et s’engage symboliquement à ériger un mur entre les États-Unis et le Mexique. 

Belliqueux, polémique, nationaliste, Donald Trump promeut le cocktail de l’isolationnisme et du protectionnisme qui va lui permettre d’accéder à la Maison Blanche.

Il a embarqué avec lui une Amérique blanche repliée sur elle-même qui redoute de se faire marginaliser par une population diverse, afro-américaine, hispanique et asiatique, en train de devenir majoritaire. Et conquiert le poste suprême par effraction. 

Là où Ronald Reagan incarnait la loi et l’ordre, il va transgresser les règles et appeler à l’insurrection. 

Là où les Républicains défendaient le libéralisme économique et voulaient imposer leur modèle au monde, il va promouvoir la paranoïa. Jusqu’à faire basculer une partie des Américains dans le complotisme.

Lire la suite…

Valérie Lecasble

Editorialiste politique