1/Énergie : le trou noir du programme du RN
Comment chaque grand parti politique prévoit-il la gestion des ressources énergétiques ? Bonne question. Première réponse : le Rassemblement National…
Le « global », le « système », voilà l’ennemi des partisans de Marine Le Pen qui lui préfère le « local ». Et ne voit pas bien loin…
Le slogan inventé dans les années 1970 : « Penser global, agir local » (Think globally, act locally) reste un mantra des défenseurs de l’environnement. Au Rassemblement national, à,propos d’écologie, on préfère : « Penser local, agir local ». Mais comme entrer dans l’Anthropocène, dans les effets de l’activité humaine sur la planète, c’est percevoir les limites du système Terre, « penser local », c’est ne pas penser grand-chose.
Le fil conducteur de la « pensée » du RN, c’est l’autonomie. « Aucun des objectifs écologiques de la France ne sera atteint si la France dépend pour des approvisionnements vitaux de pays qu’elle ne contrôle pas […]. » Le document dénonce l’écologie « punitive », et poursuit : « Ce n’est pas aux Français de payer pour les fautes des autres ! L’urgence est de rompre avec une écologie dévoyée par un terrorisme climatique qui met en danger la planète, l’indépendance nationale et plus encore, le niveau de vie des Français. »
La crise de l’énergie qui vient, la crise alimentaire qui menace sont directement liées aux modalités contre-productives du « Green Deal » imposé par l’Union européenne ». D’ailleurs, « Notre projet en finira avec une écologie hors-sol, basée sur le mensonge du globalisme ». À longueur de pages, on est invité à se débarrasser du « penser global ». Ce discours ne va sans quelques contradictions majeures. Ainsi, à propos de l’énergie, c’est simple : pour les énergies renouvelables, halte à l’éolien et au solaire photovoltaïque (démantèlement des installations existantes) ; pour les énergies pilotables, le nucléaire.
Soit. Mais comment concilier l’impératif de « ne pas dépendre » de pays que la France « ne contrôle pas » avec le rôle clef donné au nucléaire, pour lequel, à notre connaissance, il n’existe pas de gisement d’uranium sur le sol national ! Et qu’est-ce qu’un pays que la France contrôle ? Une néo-colonie ?
Le RN fait l’impasse sur la capacité du pays à reconstruire dans les temps une filière nucléaire apte à répondre au besoin d’électricité croissant (électrification des usages) et, à moyen terme, au renouvellement du parc ? Le Réseau de transport de l’électricité (RTE) envisage dans ses scénarios un mix de renouvelables et de nucléaire dont la composition précise sera déterminée chemin faisant.
Claquer aujourd’hui la porte à l’éolien et au solaire est un pari désinvolte qu’il est prudent de ne pas prendre. Quant au financement de l’ensemble des mesures proposées, il « n’ajoutera rien à l’endettement public, grâce au financement par le fonds souverain que nous créerons, et ne demandera rien à l’impôt. »
Un « fonds souverain », voilà le joker. Un fonds d’investissement public, détenu par l’État, reposant sur l’épargne des Français. Une espèce de livret A, mieux rémunérateur, mais dont l’épargne serait bloquée pendant « un certain temps », car destinée à financer de préférence des PME. 100 milliards d’euros par an !
Il faudra attendre pour dissiper les doutes des économistes. Le détail du programme économique n’est bien entendu pas disponible sur le site du RN. Évidemment : un joker, c’est un joker, ça ne se dévoile pas.