1/ Le « grand retour » de Laurent Wauquiez, un pétard mouillé.

par Yoann Taieb |  publié le 14/05/2023

Concurrencé sur sa droite et sa gauche, son nom et son score ne font pas l’unanimité

Laurent Wauquiez - AFP PHOTO / LIONEL BONAVENTURE (Photo by Lionel BONAVENTURE / AFP)

Il est de retour. Après deux années de mutisme, Laurent Wauquiez parle au Point et fait la Une alors qu’Édouard Philippe, son rival, n’avait eu droit qu’à un simple encart.

Pourtant, Laurent Wauquiez ne bénéficie d’aucun  capital sympathie. Il le sait et en souffre. On le taxe à la fois de manquer de sincérité et d’être trop brillant – donc de duplicité ? Dur, il  ne fait pas dans la dentelle avec ses amis comme avec ses ennemis. En 2011, il dénonce le “cancer de l’assistanat”. Tollé ! En 2018, il congédie Virginie Calmels, numéro 2 de son parti Les Républicains, par un communiqué de presse lapidaire, sans la nommer. Même Nicolas Sarkozy lui aurait dit qu’il était trop dur. C’est dire…

Jusqu’ici, il appliquait une stratégie du silence, du retrait. Autre époque. Aujourd’hui, le silence ne vaut pas hauteur. Se faire oublier, partir méditer, en sage, c’est laisser les concurrents prendre le large. Il a, certes, été membre d’un gouvernement mais c’était il y a déjà 15 ans. Une éternité.

Aussi inefficace peut sembler la théorie du “politique qui a pris des coups” et exhibe ses “cicatrices”. Va pour  Mitterrand ou Chirac, mais caduque depuis l’élection d’un homme neuf en politique, Macron.

Archaïque, Wauquiez ?

L’important pour lui est de savoir ce qu’il compte faire avec son parti, Les Républicains. Or, le parti est sonné. Vingt ans, en 2027, que la droite historique n’a plus gagné une élection majeure. Depuis la lourde défaite lors des européennes en 2019, le parti, réduit à 60 députés, est tombé sous les 5%.

Alors, quelle ligne prôner dans un parti divisé ? Les uns penchent pour le social, d’autres sont identitaires, d’autres libéraux- compatibles avec la majorité. Laurent Wauquiez , tenant de la ligne identitaire, laisse toutefois entendre qu’il vise à récupérer une partie des militants partis chez Macron. En évitant de revivre la campagne 2022 durant laquelle Valérie Pécresse, tiraillée entre un axe libéral-centriste et un axe sécuritaire-identitaire, avait fini écartelée.

Enfin, le choix même de Laurent Wauquiez comme candidat 2027 n’est pas une évidence. Les sondages le créditent d’environ… 5% des intentions de vote. Une peau de chagrin.

Déjà, plusieurs personnalités LR – famille, je vous hais – vont lui disputer la place : l’éternel Xavier Bertrand, tenant d’une ligne sociale et populaire ; Aurélien Pradié, fort d’une notoriété récente, David Lisnard, puissant président de l’Association des Maires de France, qui parle ouvertement des primaires, sans compter Bruno Retailleau, vendéen qui marche de son pas de sénateur ou, tout simplement…Gérard Larcher, président du Sénat, déjà numéro deux de l’état.

Ceux-là ne se rangeront pas d’un coup de képi derrière le capitaine Laurent.

A l’extérieur, même tableau. Edouard Philippe, Horizons, semble l’héritier du macronisme finissant, atteint 28% dans les sondages. Sur sa droite extrême, l’indéboulonnée Marine le Pen, favorite, n’aura aucun mal à garder son électorat. Et les 5-6%  des électeurs les plus radicaux pourront toujours aller se pâmer devant Zemmour.

In fine, la droite est attend-elle réellement Wauquiez ? Et si le supposé « sauveur » n’était qu’une illusion ? Ou juste un président de région, retiré trop longtemps et trop loin, sur son mont d’Auvergne ?

En politique comme en amour, l’éloignement est souvent fatal.

Yoann Taieb