Donald Trump, “Make America Parano Again”(2)
Il électrise la moitié de l’Amérique, mais révulse l’autre moitié. Il casse les codes, le pays, la morale, le réel, marche sur les faits et les hommes, ment comme il respire, triche, harcèle, escroque, menace, et se pose en victime du grand méchant loup du « système »…
Retour sur un parcours hors normes.
Pendant les quatre années qu’il passe à la Maison Blanche, Donald Trump se radicalise. Et s’isole. Fake news, théories du complot, propos violents et excessifs, attaques incessantes contre ses adversaires, il passe une bonne partie de ses journées assis sur son canapé devant son écran de télévision à regarder en boucle les informations qu’il déforme et commente dans des tweets provocateurs qui deviennent son principal moyen de communication.
Il s’entoure de son clan, une garde rapprochée en qui il a confiance, constituée de sa famille et de quelques amis. Il s’emploie à éliminer ses adversaires et à limoger ceux qui ne lui font pas allégeance ou refusent de l’aider à étouffer de vilaines affaires comme James Comey, le patron du FBI ou Michael Flynn en charge de la sécurité nationale.
Son premier combat est de flinguer l’héritage de son prédécesseur Barack Obama, symbole selon lui de la perte d’identité de l’Amérique blanche. Il cherche à tout prix à remettre en cause le système de l’ObamaCare qui assure à des millions d’Américains leur couverture maladie. À l’international, il sort de l’accord de Paris sur le climat et retire les États-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien.
Il rapatrie les troupes américaines de Syrie, prépare leur sortie d’Afghanistan, soutient la politique de Benyamin Netanyahou en Israël et s’affiche auprès de dictateurs comme le Chinois Xi-Ping ou le Coréen du Nord Kim Jong-un.
Patriote, il vénère les militaires. Il fallait le voir le 14 juillet 2017 aux côtés d’Emmanuel Macron, deux Présidents fraîchement élus, pendant le défilé des troupes sur les Champs-Élysées, se mettre au garde à vous lors du passage de 150 soldats américains dont cinq d’entre eux revêtus de l’uniforme des Sammies de la Grande Guerre, en 1917.
Sa guerre à lui va être contre ce qu’il appelle le « système ». Il s’attaque à l’administration américaine qu’il décrit comme un establishment tentaculaire dont les membres seraient liés comme dans une secte par une idéologie au profit des puissants. Lui seul, assure-t-il, a un profil indépendant d’outsider authentique capable de sauver l’Amérique.
Le discours fonctionne. Il parle à l’Amérique profonde. Celle qui se sent depuis longtemps délaissée par des politiciens, démocrates ou républicains qui planent dans les hautes sphères et ne trouvent plus les mots pour parler aux petites gens. Donald Trump, lui, sait électriser les foules et s’adresser aux classes populaires que l’élite de Washington a laissées au bord du chemin.
L’américain moyen s’identifie à lui. Il se construit un discours de « winner » (« gagnant ») que la « procédure d’impeachment » dont il est l’objet – pour avoir demandé au président ukrainien d’enquêter sur le fils de Joe Biden – ne fera que décupler.
Il sombre dans le complotisme de QAnon, un mouvement conspirationniste d’extrême-droite quand il persiste à sous-estimer les dangers de la pandémie de Covid 19. C’est alors que tout s’accélère.