2/ Parti socialiste : un programme… sans nucléaire ?

par Jacques Treiner |  publié le 03/05/2024

Que feraient les socialistes du nucléaire s’ils revenaient au pouvoir ? Surprise… ils ne le disent pas

Jacques Treiner

La politique énergétique du PS est exposée dans un document intitulé « Il est temps de vivre mieux », chapitre Environnement et climat : plus de justice, moins de carbone, ainsi que dans les propositions concernant la « transformation écologique et sociale de nos modes de vie ». Des textes complétés par un chapitre (9 ) du programme du PS pour les élections européennes.

Notre filtre de lecture ici est la décarbonation, c’est-à-dire la sortie des combustibles fossiles. Deux pistes : sobriété (consommer moins d’énergie) et, dans la mesure où l’on dispose d’une électricité décarbonée, électrification des usages (pompes à chaleur pour le chauffage, véhicules et vélos électriques pour la mobilité, train pour le fret, etc.). Cette deuxième piste nécessite l’augmentation de la production d’une électricité décarbonée : renouvelables (principalement éolien et solaire) et nucléaire. C’est d’ailleurs ce que les récents scénarios de RTE indiquent. Qu’en est-il au PS ?

Surprise : le mot « nucléaire » est absent des 98 pages du programme ! Dans un pays où environ 75 % de l’électricité est d’origine nucléaire, et le sera encore pour longtemps (quelle que soit l’opinion qu’on en ait), un parti se positionnant comme parti de gouvernement fait silence sur le sujet ! On lit seulement dans la partie Propositions qu’il s’agit de « lancer la mobilisation nationale pour atteindre l’objectif 100 % renouvelable en 2050 ».

L’exemple allemand pourrait faire réfléchir : 120 GW de renouvelables installés, 350 milliards d’euros investis, émissions de CO2 par kWh dix fois supérieures au cas français !

Mais non. Le PS a, hélas, l’habitude de traiter ces sujets avec une certaine désinvolture. Témoin le débat de la primaire de 2011, marqué par l’accident de Fukushima. Martine Aubry voulait sortir du nucléaire en vingt ou trente ans, Ségolène Royal en quarante, Arnaud Montebourg visait une diminution à partir de 2017, François Hollande voulait ramener la part du nucléaire à 50 %, M. Valls étant à peu près sur la même position.

Conséquence de la position de François Hollande qui, comme on sait, l’emportera : objectif de fermeture de 14 réacteurs à l’horizon 2025 (!). Seule sera fermée (par le gouvernement Macron) la centrale Fessenheim, qui avait pourtant le feu vert de l’ASN pour poursuivre ses activités. Où étaient les éléments de rationalité dans ces diverses positions ?

Notons que la rédaction du programme du PS est antérieure (2021) au changement de cap du gouvernement actuel vers une relance de la filière nucléaire, décision qui rompt avec des décennies de nucléaire honteux. La réussite d’un tel choix industriel dépend du soutien résolu, et de longue durée, des gouvernements en place. Une relance ? Que feront les socialistes s’ils parviennent au pouvoir ?

Jacques Treiner

Chroniqueur scientifique