Extrême droite en Europe : la culture en danger
La montée des partis d’extrême droite en Europe n’a pas seulement des effets négatifs sur les politiques d’immigration ou sur l’écologie. La culture risque aussi d’en faire les frais
Si l’on regarde ce qui se passe en Italie, que voit-on ? Les directeurs étrangers et français des Opéras pour la plupart ou des musées sont priés de retourner dans leur pays d’origine. Le buste de Mussolini a repris place dans le bureau du ministre de la Culture , sans que personne ne s’en offusque. Les crédits diminuent ou sont affectés en fonction de critères mettant en avant les artistes régionaux.
Cette situation existait déjà en Pologne. Qu’en sera-t-il demain en Suède, en Grèce ou en Espagne ? Même en France , l’influent président de la région Rhône-Alpes supprime d’un coup les subventions aux institutions culturelles qui lui déplaisent .
L’Europe a été fondée sur des valeurs communes, une histoire longue d’échanges, de conflits certes, mais surtout de liens profonds qui ont conduit les grandes universités à collaborer entre elles au moyen âge, les peintres à passer les alpes pour venir d’Italie en France à la Renaissance, les musiciens ou les acteurs à jouer sur toutes les scènes d’Europe et plus récemment les musées, bibliothèques, théâtres et opéras à multiplier les liens, expositions , concerts et représentations.
Au grand bénéfice de spectateurs européens qui s’enrichissent de cette nourriture intellectuelle si variée et d’artistes étrangers riches de leurs différences . Subrepticement, cette politique qui est le fondement de l’engagement européen est remise en cause . « Si c’était à refaire , je commencerais par la culture « disait jean Monnet, l’un des pères de l’Europe.
C’est précisément là que porte l’attaque: quand les démocraties sont attaquées par le populisme, on brûle d’abord les livres, on supprime les crédits, on censure et on interdit .Cela commence toujours par les intellectuels, les artistes , ceux qui ont la charge de penser , de créer et surtout d’exprimer la liberté, la leur et celle des autres.
Les journalistes aussi et l’affaire du JDD en France en sont la preuve éclatante, instrument de réflexion et d’informations qui tombe entre des mains factieuses.
Tous ces signes donnent raison à l’analyse de Gramsci qui avait compris que le pouvoir politique se conquiert d’abord par le pouvoir sur les esprits et que le contrôle du pouvoir culturel précède la prise du pouvoir politique.
La gauche l’avait bien compris , notamment en France et ailleurs en Europe. C’est l’extrême droite aujourd’hui qui met en œuvre cette politique. Le combat a déjà commencé et il y a urgence.