Donald Trump, le retour (4)
Il électrise la moitié de l’Amérique, mais révulse l’autre moitié. Il casse les codes, le pays, la morale, le réel, marche sur les faits et les hommes, ment comme il respire, triche, harcèle, escroque, menace, et se pose en victime du grand méchant loup du « système »… Portrait
Il était un Président imprévisible, il est devenu un candidat dangereux. Donald Trump contredit l’adage selon lequel un ancien Président n’a guère de chances de revenir au sommet.
À quelques semaines du premier débat animé par Fox News le 23 août à Milwaukee dans le Wisconsin, les autres candidats à la primaire républicaine font face à lui pâle figure. Quand lui caracole bien au-delà les 50 % d’intentions de vote des adhérents de son parti, son meilleur concurrent Ron DeSantis dépasse à peine les 20 % depuis qu’il a officialisé dans l’indifférence générale sa candidature sur Twitter. Tous les autres, dont l’ancien vice-président Mike Pence, stagnent à quelques pour cent.
En imposant sa ligne au Parti Républicain, Donald Trump a muselé ses opposants. Il a tout fait pour les discréditer. Cassant leur histoire. « En 2016, nous avions un Parti républicain dirigé par des cinglés, des mondialistes, des zélotes de l’ouverture des frontières… des imbéciles », leur lance-t-il en mars 2023 à la conférence sur l’action politique conservatrice transformée en grand-messe à sa gloire.
Il est si provocateur que personne n’ose l’affronter, encore moins prendre auprès des électeurs le risque de condamner l’assaut sur le Capitole qu’il a manipulé.
Ron DeSantis, 44 ans, le populaire gouverneur de Floride pourtant très proche de ses idées a ainsi vu pâlir son étoile depuis novembre dernier. Il était à l’époque au coude à coude avec Donald Trump, mais n’a pas su depuis exploiter ses atouts. Il gouverne la Floride, l’un des trois grands États Républicains.
Il a reçu une bonne éducation et son passé de militaire lui confère une légitimité de patriote, autant de qualités essentielles aux yeux des Américains. Mais qui ne suffisent pas à séduire les Républicains trop concentrés à voler au secours d’une possible victoire de Donald Trump à la Présidentielle.
Pourquoi voter pour la copie quand on peut porter l’original au pouvoir ? Le seul qui ose se démarquer et défier Donald Trump s’appelle Chris Christie. L’ex-gouverneur du New Jersey, 60 ans, est aussi un de ses ex-soutiens. Il le connaît bien et a promis de lui tenir tête.
Il dépeint Donald Trump comme égocentrique et malhonnête, marionnette de Poutine visé par de multiples enquêtes. Il l’accuse de tirer personnellement les fruits des succès même s’il n’y est pour rien et de rejeter sur les autres la responsabilité de ses échecs.
Un homme de la trempe de Chris Christie qui porte les valeurs républicaines des fondateurs peut-il déstabiliser celui dont la popularité est entretenue, car il est victime de persécution ? « Trump, ce n’est pas le parti Républicain de votre père », dénoncent comme en écho les militants démocrates pour mettre en garde contre sa dangerosité.
Le cauchemar de certains est réel : Donald Trump a de bonnes chances d’obtenir l’investiture des Républicains à la Présidentielle de 2024. La vraie question se pose alors : s’il y parvient aurait-il une chance de battre Joe Biden, vieillissant, mais bon candidat démocrate sortant. Beaucoup ne le croient pas.