5/ Giorgia Meloni : « Et préservez-nous du Mal, amen »
Elle a parlé haut et fort mais se fait discrète, part en guerre contre les institutions mais respecte l’Europe et soutient l’Ukraine. Elle a fondé les « Frères d’Italie », d’extrême-droite, admire Mussolini mais continue à accueillir les migrants, se défend d’ être post-fasciste et se voit menacer sur sa droite par Salvini le dur. Entre dame de fer et dame de feutre, qui est Georgia Meloni?
La vérité profonde de la Première ministre Georgia Meloni et la clé de sa stratégie politique à Bruxelles. Son objectif est de négocier, après les élections de 2024, la participation des six élus de son parti « Fratelli d’Italia » à la coalition qui dominera la prochaine Commission et le prochain Parlement, regroupés autour du nom de Ursula Von Der Leyen et du Parti populaire européen .
« La Meloni » rêve donc d’abandonner à leur triste sort les antieuropéens déchainés de l’ECR, et de s’allier à ce parti conservateur pivot de l’UE appelé PPE. Pour y parvenir ,elle a jeté aux orties toute ligne hostile à l’Union européenne, tout euroscepticisme, et proclamé la ligne claire d’une cohérence atlantique en politique étrangère, en condamnant à plusieurs reprises « la guerre d’agression de la Russie » en Ukraine.
Elle est même allée jusqu’à appeler les Alliés à « construire ensemble un modèle de sécurité nouveau et plus fort pour le continent », qui renforce donc l’OTAN… Plus grand-chose à voir avec l’idéologie courante populiste !
Reste, à Rome, le fil à la patte – une lourde chaîne !- tendu au beau milieu de sa coalition gouvernementale, de Salvini, l’ennemi déclaré, susceptible de dangereuses surenchères démagogiques. Avec quel effet ? Sinon pousser l’Italie et sa Première ministre vers la rechute démocratique et le piège d’un souverainisme aveugle ? Elle serait accueillie à bras tendus, mais ouverts par le néonationalisme antidémocratique et hyper droitier des ex-amis hongrois, Orban, et polonais, Morawiecki. Joli traquenard !
Certains militent déjà pour sa reconversion au monde « populo-autoritariste » . D’abord, la nauséabonde tribu d’anciens fachos qui lui est restée fidèle. En tête, au sein de son parti, « Fratelli d’Italia », le président du Sénat Ignazio La Russa, 71 ans, qui la cloue littéralement au pilori .
Englué dans une sale histoire où son fils est accusé de viol, il n’hésite pas à accuser la victime pour le défendre et en profite, au passage, pour affirmer que « le mot “antifascisme” n’est pas écrit dans la Constitution ». C’est ce qu’on appelle la tentation autoritaire. Histoire d’appeler à resserrer les rangs et à fédérer toutes les oppositions à Meloni sur des positions nationalistes extrêmes.
Giorgia Meloni, sous pression constante, devrait alors trancher le nœud gordien : démissionner piteusement ou s’allier avec l’obscur Salvini pour sauver son gouvernement en livrant l’Italie à ses vieux démons.
Morale immorale de l’histoire : pas facile pour une « populiste à moitié » de gouverner avec un « populiste à plein temps » Ah, quand on invite le diable à sa table, il faut une longue cuillère !