5 mauvaises raisons de ne pas voter pour la gauche

par Valérie Lecasble |  publié le 28/06/2024

Mode d’emploi de l’électeur de gauche déconcerté par une situation pour le moins… inédite

Une jeune femme montre ses bras avec inscrit Front Populaire lors du rassemblement contre l'extrême droite pour les élections législatives a Place de la Republique a Paris le 27 juin 2024 - Photo Quentin De Groeve / Hans Lucas

1/ En s’alliant à Jean-Luc Mélenchon, la gauche modérée a vendu son âme

 Avait-elle d’autre choix ? Sans accord électoral de la gauche, le Rassemblement national aurait remporté haut la main plus de 300 sièges à l’Assemblée nationale, comme le rappelle Raphaël Glucksmann. Avec dans les sondages, des intentions de vote à 13 % pour le PS, 11 % pour LFI, 6 % pour les Verts et 2 % pour le PCF, rares sont ceux qui auraient réussi à être présents au second tour qui nécessite pour être qualifié au moins 12,5 % des inscrits, soit 21 % des votants avec une participation de 63 %. Certes, une déperdition des voix d’environ 3 %, existe entre le total de la gauche en ordre dispersé (32 %) et celui du Nouveau Front Populaire (29 %). Par ailleurs, la dynamique de la coalition lui a fait gagner 4 points, de 25 à 29 % dans les intentions de vote.

2/ Jean-Luc Mélenchon domine la coalition

 Plus il parle, plus le nouveau Front populaire recule. Preuve qu’il préfère faire perdre la gauche que de céder une parcelle d’influence. En raison de l’avance de 5 points de Raphaël Glucksmann sur Manon Aubry aux élections européennes, il a dû lâcher 100 candidatures LFI, ramenées à 229 au lieu de ses 328 candidats de 2022. Le Parti socialiste en a au contraire récupéré 105 de plus, avec 175 candidatures en 2024 contre 70 en 2022. Ensemble, le PS, les Verts et le PCF ont un avantage de 100 candidatures sur LFI, Une inversion du rapport des forces. Évidente depuis que les leaders de ces trois partis ont successivement déclaré que jamais Jean-Luc Mélenchon ne serait Premier ministre, rejoints par François Ruffin et Clémentine Autain qui mènent l’opposition au chef au sein de LFI, de plus en plus fracturé.

3/ LFI s’est réservé les meilleures circonscriptions

Avec 75 députés sortants contre 30 pour le Parti socialiste, La France insoumise était en meilleure position lors des négociations. Rien ne prouve cependant que LFI remportera davantage de circonscriptions que le PS.  Depuis le 7 octobre, les prises de position de Jean-Luc Mélenchon refusant de reconnaître le Hamas comme organisation terroriste, en ont fait un épouvantail, parfois pire que le Rassemblement national . LFI pourrait donc perdre de nombreux duels de deuxième tour. Des électeurs de droite, voire de la gauche modérée, pourraient être tentés de faire barrage… contre LFI.

4 /Le programme du nouveau Front populaire va ruiner le pays

Elaboré en quelques jours à peine, le programme du nouveau Front populaire présente une addition chiffrée à 150 milliards d’euros, financée en bonne partie par … de nouveaux impôts. Ceux-ci ne concerneraient que les 8 % de Français qui gagnent plus de 4 000 euros nets par mois, nous assure-t-on. Chacune des mesures – rétablissement de l’ISF, hausse du SMIC à 1600 euros nets, augmentation progressive de l’impôt au-delà du seuil de 4 000 euros – vise à davantage de redistribution. Mais l’accumulation des mesures pourraient surendetter la France , telle la hausse de 10 % du salaire des fonctionnaires. Reste que la possibilité qu’il soit appliqué paraît mince puisqu’aucun sondage ne donne le nouveau Front populaire gagnant.

5/ Mieux vaut voter pour le bloc central, force d’arbitrage raisonnable

Crédité de seulement 75 à 110 députés, sans réserve du côté des Républicains qui disposeraient de seulement 25 à 50 sièges, ce « bloc » devrait être ramené à la portion congrue dans la prochaine Assemblée nationale. En plus, il se fissure. Edouard Philippe, déjà rejoint par Gérald Darmanin, concourt déjà sous sa propre bannière, Horizons. Emmanuel Macron est désavoué. Sans troupes, le Président de la République aura fort à faire pour s’imposer en cas de cohabitation. Responsable d’une dissolution brutale, qu’il a décidée seul, sans stratégie ni perspective de rebond, il apparait déjà comme le capitaine sans cap d’un pays à la dérive.

Valérie Lecasble

Editorialiste politique