8 mai : casserolades et pantalonnades
Manifester au son des casseroles lors des cérémonies du 8 mai, c’est faire preuve, même si les revendications sont légitimes d’un déficit de mémoire historique
Le 8 mai, n’est pas un jour comme les autres. C’est celui où l’on commémore entre militaires l’armistice de la Seconde guerre mondiale. Et où l’on rend hommage aux soldats qui ont donné leur vie pour leur pays.
Le 8 mai, ce n’est pas le 14 juillet, une fête populaire où les armées françaises partagent avec fierté leurs troupes et leurs matériels pour montrer leur force à la Nation.
Le 8 mai, c’est le jour de la commémoration de la victoire. Celle qui a permis de chasser les nazis hors de France et à notre pays de retrouver son indépendance. Un jour solennel, où il n’y a rien d’étonnant à voir le chef de l’État français ranimer seul la flamme du soldat inconnu.
Rien d’incongru, mais seulement une tradition militaire qui concentre sur les très hauts gradés civils et militaires ce symbolique travail de mémoire. Le jour où le chef de l’État exerce à plein son rôle de chef des armées.
Ce qui dérange, il est vrai, ce sont les images d’Emmanuel Macron et son impressionnant cortège de protection qui remonte, les Champs-Élysées sans aucun accès possible à aucun badaud, touriste ou promeneur. Quel contraste quelques jours après l’hommage dans les rues noires de monde du peuple britannique à son nouveau roi !
Quelle menace rôde donc sur notre pays pour qu’il ait fallu ainsi barricader la plus belle avenue du monde ? Est-ce devenu si compliqué en France d’assurer la protection du Président de la République en ce jour où il célèbre les héros de notre pays ?
La solennité de la Marseillaise et du Chant des partisans qui résonne est là pour nous rappeler que nous sommes un pays avec une histoire et une tradition.
Quel choc dans ce contexte d’entendre les quelques 3 000 manifestants qui ont défilé dans les rues de Lyon au son de leurs casseroles de cuisine à l’occasion de la visite d’Emmanuel Macron à la prison de Montluc.
Ici, le résistant français Jean Moulin, arrêté il y a près de 80 ans à Caluire le 21 juin 1943, a été incarcéré puis longuement torturé par le boucher Klaus Barbie. Avant de succomber, le 8 juillet, lors de son transfert en train sans avoir parlé à la Gestapo. En silence.
Difficile, devant cette prison, d’afficher un air débonnaire et bon enfant, non ? Avec en prime, en tête du cortège les quelques traditionnels casseurs et black-blocs cagoulés qui s’amusent à brûler poubelles et palettes. « Il y a un temps pour tout », avait mis en garde Gérard Larcher, deuxième personnage de l’État. Pour cette fois, il ne s’est pas trompé.
Car, de ce 8 mai, au son des casseroles, personne n’est sorti grandi.