Abaya : point final

par Laurent Joffrin |  publié le 25/09/2023

Le Conseil d’État s’est prononcé, les familles musulmanes ont accepté sa décision. Le débat sur les abayas est ainsi ramené à sa dimension réelle : minuscule

Laurent Joffrin

Beaucoup de bruit pour rien… Une deuxième fois, le Conseil d’État a renvoyé dans leurs buts les associations de la gauche radicale qui demandaient l’annulation de la circulaire proscrivant les abayas dans les salles de classe. Sans statuer directement sur le fond, la haute juridiction a néanmoins considéré que le port de cette robe ample et longue – une sorte de voile islamique étendu à tout le corps – procédait bien d’une démarche religieuse et tombait donc sous le coup de la loi de 2004 qui interdit les signes religieux ostensibles à l’école.

On ne voit pas comment elle pourrait dès lors changer d’avis au moment de la décision ultime. En d’autres termes, la messe est dite : l’offensive islamiste sur l’abaya a échoué.

Mais le plus intéressant de l’affaire tient dans la déclaration de Guillaume Odinet, directeur des affaires juridiques du ministère de l’Éducation. « Mardi 12 septembre, a-t-il déclaré au Conseil, il y a eu neuf cas de port d’abaya, et cinq hier (lundi 18 septembre) ». Pour ajouter aussitôt : « il n’y a plus de phénomène groupé, ce qui s’est passé à la rentrée est assez vite rentré dans l’ordre. Aucune sanction disciplinaire n’a été prononcée au titre du port de l’abaya, le dialogue fonctionne bien ».

Ce qui signifie que les jeunes filles désireuses de porter ce vêtement l’ont pratiquement toutes ôté dès que le ministère le leur a demandé, pour adopter une tenue non-religieuse.

Il est donc clair, désormais, que les familles musulmanes, dans leur quasi-totalité, ont décidé de se conformer à la loi républicaine dès lors qu’elle était clairement exprimée, plutôt que de se lancer dans une dérisoire guérilla vestimentaire. Il faut s’en féliciter et noter, en l’occurrence, le civisme implicite et la volonté d’intégration qui caractérise, de toute évidence, l’attitude très majoritaire des musulmans français.

Voilà qui relativise grandement les tentations « séparatistes » dont la droite et l’extrême-droite les accusent sans cesse. Dès lors que la République parle haut et clair, l’islam de France l’écoute. Ce sont les islamistes et leurs alliés qui posent problème, non les musulmans.

Voilà qui remet aussi à sa place – lilliputienne, manifestement – la campagne grotesque lancée par les aboyeurs de la radicalité autour du thème de « l’islamophobie ». La loi de 2004, qui s’applique en l’espèce, n’est pas une loi « islamophobe », mais tout simplement laïque, ce que les musulmans – même ceux qui la désapprouvent – acceptent sans ambages.

Les cris d’orfraie poussés, à propos de l’abaya, par certains militants changés en idiots utiles des intégristes, rejoignent ainsi la rubrique des absurdités qu’on entend trop souvent, telles que « la police tue », « nous refusons de condamner la violence des émeutiers », Ségolène Royal « nous apporte une aide formidable », ou encore le scandaleux « il y a du Doriot dans Fabien Roussel ».

Toutes formules ridicules ou irresponsables qui forment une simple mousse saumâtre à la surface du débat public.

Laurent Joffrin