Allemagne, moteurs : les doigts dans la prise
C’est l’histoire d’un petit parti Allemand, le FDP, Parti libéral-démocrate, 4% en moyenne aux élections, qui a décidé de remettre en cause un des plus grands paris géostratégiques de l’Union Européenne : l’interdiction des moteurs thermiques en 2035.
L’enjeu est environnemental mais également géopolitique car il s’agit tout simplement de réduire notre dépendance aux pays pétroliers.
Comment est-on arrivés à cette situation invraisemblable, contraire aux positions traditionnelles du SPD, le Parti social-démocrate d’Allemagne? C’est la conjugaison d’une suite d’évènements savamment orchestrée par le FDP dans le cadre de la participation à la coalition de gouvernement dirigée avec un certain laissez-faire par le SPD Olaf Scholz.
Petit rappel indispensable pour ceux qui ne lisent pas tous les jours le Frankfurter Allgemeine Zeitung :
Lors des élections fédérales de 2021, le SPD, mené par Olaf Scholz, est arrivé en tête des suffrages avec 25,74 % des voix, devançant la CDU/CSU pour la première fois depuis 2002. Avec une majorité relative de 206 sièges, il est contraint de former une coalition avec l’Alliance 90/Les Verts et … le Parti libéral-démocrate.
Le FDP est un habitué du soutien au lobby industriel Allemand . Il s’est notamment mobilisé avec succès contre une mesure de limitation de la vitesse sur les autoroutes qui visait à diminuer les émissions de CO2.
Et quand un de ses membres a été nommé ministre des transports du gouvernement Scholz…
Ledit ministre a convaincu d’autres pays Européens de se joindre à l’Allemagne devant la Commission Européenne pour obtenir que les constructeurs automobiles ne soient plus obligés de passer à l’électrique mais plutôt qu’ils soient jugés sur le niveau d’émission de leur moteur. Ce qui implique qu’ils aient alors… le libre choix sur la technologie.
On ne peut s’empêcher de penser avec émoi au scandale du « diesel-gate ». Révélé en 2015, il démontrait que, pendant des années, certains constructeurs dont Volkswagen avaient préféré construire des algorithmes visant à tromper les tests de pollution plutôt que de réduire réellement ces émissions.
C’était il y a moins de dix ans avant cette nouvelle demande allemande. Piquant, non? Peut-être serait-il bienvenu que le chancelier Scholz , à la tete de son grand parti de gouvernement du SPD, explique plus fermement ses positions au petit trublion du FDP et à son propre ministre des transports.
SPD, FDP, je te tiens, tu me tiens ….De la vertu des coalitions.