Ambiguité stratégique

par Pierre Feydel |  publié le 07/05/2024

Dico Politique : un outil pour retrouver le sens des mots, leur évolution, leur sens caché. Savoir de quoi on parle en politique. Et se comprendre

 « Ambiguïté stratégique »

On pourrait résumer ainsi le concept : ne pas dire ce que l’on fait et ne pas faire ce que l’on dit. L’idée sous-tend les préceptes du maitre Sun Tzu dans son « Art de la guerre » un court traité de stratégie militaire écrit vers 512 avant Jésus-Christ. Dès le premier chapitre d’un ouvrage commenté dans toutes les écoles de guerre, son auteur affirme : « Toute guerre est fondée sur la tromperie. »

Lorsqu’Emmanuel Macron évoque la possibilité d’envoyer des troupes en Ukraine si le front cédait, il agite une menace dont personne ne sait, et surtout pas les Russes si elle pourrait-être effective. Et d’ailleurs, le président français se garde bien de préciser la nature des forces qui interviendraient et dans quelles conditions. Faire douter l’adversaire sur ses intentions c’est se laisser une marge de manœuvre. C’est l’inverse de la ligne rouge.

Le président Obama s’est piégé lui-même en affirmant que si Bachar El Assad utiliser des armes chimiques les États-Unis réagiraient. Ne le faisant pas, il s’est décrédibilisé. Lorsque Biden assure qu’aucun G I ne foulera le sol ukrainien peu après l’invasion du pays, il fait un formidable cadeau à Poutine. La notion d’intérêts vitaux nage, elle aussi, dans un océan d’ambiguïté stratégique. Qui peut les définir clairement.

Le flou est soigneusement entretenu surtout si leur atteinte justifiait des frappes nucléaires. En la matière, la clarté est une faiblesse, le clair-obscur une force.

Pierre Feydel

Journaliste et chronique Histoire