Angers au premier plan du cinéma
Ken Loach, Isabelle Huppert, Jane Birkin…près de 80 000 spectateurs à Angers au festival Premiers Plans. Record battu. Jérôme Clément, son président, raconte
Janvier, Angers : ce n’est pas la meilleure période. Et pourtant, une mobilisation exceptionnelle se réalise sur un sujet, pourtant ardu : les premiers films européens, proposés chaque année à un jury indépendant, qui choisit longs et courts-métrages, venant de toute l’Europe pour distribuer des prix à de tous ces jeunes talents. Le jury long-métrage était présidé cette année par Robin Campillo. Il a choisi un film espagnol « Border Line » de Juan Sebastián Vásquez et Alejandro Rojas, qui sortira sur les écrans français en mai prochain : l’histoire d’un couple venant de Barcelone retenu par les services de sécurité américain pour rentrer comme immigrants à Miami. Un formidable huis clos de moins de 1 h 30.
Ce qui frappe le plus dans ce festival, sans tapis rouge ni paillettes, c’est sa jeunesse. Ils ont tous entre 20 et 30 ans, débordent de projets et de vitalité, actrices, acteurs ou réalisateurs, et tous autres métiers du cinéma. Ils savent que c’est difficile, que ce sera long, qu’il y aura beaucoup d’obstacles, ils les vaincront, c’est sûr et ils sont enthousiastes. Quant aux spectateurs, ils viennent en masse pour voir des films dont on n’a jamais entendu parler. Sur les 80 000 cette année, il y avait 30 000 personnes de moins de 25 ans. Car un travail est fait avec les professeurs au préalable, dans toute la région.
Il y a aussi des rétrospectives. Cette année, c’était Ken Loach, 15 films présentés, et Isabelle Huppert venue pendant deux jours, présenter des films anciens, et en avant-première, « Sidonie, au Japon » réalisé par Élise Girard, qui sortira en avril sur les écrans de France. Des lectures de scénario, des hommages à Patrice Chéreau, Jane Birkin, des avant-premières, viennent compléter le tableau des festivités ?
Original dans son principe – les premiers films européens -, peu médiatisé et convivial, le festival Premiers Plans réalise depuis 36 ans, un travail de fond. Et c’est payant ! Car ces discussions, entre tous ceux qui y participent, en font un festival réellement démocratique ou chacun a accès à l’autre, et peut apprendre, découvrir et développer cette altérité. Il y a de temps en temps de bonnes nouvelles.