Le faux-pas d’Anne Hidalgo

par Valérie Lecasble |  publié le 07/11/2023

En partant trois semaines à Tahiti accompagnée d’une délégation officielle avec qui elle était censée visiter un site des Jeux olympiques, la Maire de Paris a pris des vacances… discutables

Inauguration de l'édition 2023 de Paris Plages sur les quais de Seine par la Maire de Paris, Anne Hidalgo. Le thème principal de cette nouvelle édition est la Polynésie française et ses îles - Photographie Amaury Cornu / Hans Lucas

Aucun regret, aucune excuse. Sinon une justification par un communiqué laconique pour expliquer que les frais de transports des cinq personnes de la délégation parisienne qui l’a accompagnée à Tahiti se sont élevés à 40 955 euros, et les frais d’hébergement et de restauration à 18 545 euros , « conformément aux pratiques en vigueur dans les trois fonctions publiques territoriales ».

Ce voyage avait officiellement trois objectifs : travailler sur une manifestation culturelle, « l’urgence climatique » et l’épreuve de surf des Jeux olympiques, sauf qu’Anne Hidalgo s’est fait représenter par son adjoint en charge du sport.

« La maire de Paris a prolongé son déplacement officiel par un temps privé intégralement pris à sa charge et elle est rentrée le dimanche 5 novembre en payant de sa poche son billet retour », ajoute la mairie.

 En clair, une semaine de voyage professionnel puis deux semaines de vacances sur place. Désinvolture ? Dangereux mélange des genres ? Dès son retour, la polémique a éclaté. D’une part, elle aurait manqué un comité interministériel qui devait valider le plan de circulation à Paris pendant la période olympique. D’autre part, avec la tension dans la bande de Gaza, était-il judicieux de voyager à l’autre bout du monde pendant trois semaines ?

La réalité est que la fille d’Anne Hidalgo vit à Tahiti. On comprend qu’une mère ait envie de voir son enfant, quoi de plus naturel. Ce qui est en revanche incompréhensible est qu’elle ait cru bon de coupler son voyage privé avec un déplacement officiel. Bilan : toute une délégation de collaborateurs qui l’ont accompagnée pour le coût désormais annoncé par elle de 59 500 euros.

L’ironie de l’histoire est qu’en raison d’une opposition locale aux travaux nécessaires au site de surf en question à cause de leurs nuisances environnementales, elle a finalement renoncé à le visiter… D’ailleurs, était-ce à elle de se rendre sur place ou plutôt au comité des Jeux olympiques ?

Du coup, ce voyage n’a servi à rien, dénonce le groupe d’opposition à l’Hôtel de Ville. Il a simplement dégradé encore le bilan carbone d’Anne Hidalgo : « 20 voyages dans le monde » depuis sa réélection en mars 2020 soit « 51 tonnes de CO2 » au bas mot.

Par ailleurs, est-ce le moment de dépenser autant d’argent pour un motif somme toute subalterne quand, voilà seulement quelques semaines, les contribuables parisiens ont été choqués de constater une hausse de… 63 % de leur taxe foncière, en raison de l’explosion de la dette de la ville à 7,7 milliards d’euros ?

Anne Hidalgo assure qu’elle a payé de sa poche ses deux semaines de vacances et son billet d’avion de retour. Elle aurait également saisi par anticipation la commission de déontologie. Trop tard ? Le mal semble fait.

Valérie Lecasble

Editorialiste politique