Antonio Scurati, un héros littéraire

par Sandrine Treiner |  publié le 21/04/2023

Le Salon Livre Paris a ouvert ses portes aujourd’hui jusqu’à dimanche au Grand Palais éphémère. A l’honneur cette année, les lettres italiennes. Et parmi les écrivains, la figure impressionnante d’Antonio Scurati

Antonio Scurati- Photo ULF ANDERSEN / Ulf Andersen / Aurimages

 C’est une oeuvre comme il ne s’en produit qu’exceptionnellement. Antonio Scurati, 53 ans, a publié en France cet automne le deuxième volume d’une somme littéraire sans égale sur Mussolini et l’histoire du fascisme italien pour lequel il a reçu le Prix du livre européen.

En Italie, le troisième tome est déjà paru et on attend sa traduction en France chez son éditeur, Les Arènes, pour la fin de l’année. Dans son pays, Antonio Scurati a reçu tant la consécration du prix littéraire de référence, le prix Strega que celui des lecteurs : ses trois livres se sont vendus à des centaines de milliers d’exemplaires, une série télévisée est en cours de production. Il est en librairie dans près de quarante pays.

Que lui vaut une telle reconnaissance ? 

Photo Marco Bertorello / AFP

La talent, cela va sans dire. M est le récit littéraire et immersif de la vie de Benito Mussolini dans le même temps qu’il propose une chronique minutieuse, séquencée par des documents inédits, de la construction politique puis du règne du dictateur. Antonio Scurati a inventé une forme narrative à la mesure de son enjeu.

En entrainant le lecteur dans l’intimité du Duce – le deuxième volume s’ouvre, en 1925, sur des pages inoubliables du tube digestif de Mussolini entre vomissements et excréments -, l’écrivain nous installe au cœur de la violence humaine et politique. Les circonstances, également. La saga M a fait irruption sur la scène littéraire européenne au moment où les conditions se mettaient en place pour que Giorgia Meloni accède au pouvoir. Isaac Babel soutenait que l’écrivain est un soldat parti en reconnaissance.

On a coutume de considérer que ce sont les circonstances historiques qui créent les héros politiques. Gageons que de la même manière, elles peuvent susciter des héros littéraires.

Sandrine Treiner

Editorialiste culture